[ EDITO ] Communauté musulmane : vite, de l’apaisement en ce mois de Ramadan

Après plus de 60 ans de fonctionnement (créée en 1957), la Communauté Musulmane du Burkina Faso (CMBF) vit sans doute sa plus grande crise organisationnelle. Association membre de la Fédération des Associations Islamique du Burkina (FAIB) avec 5 autres associations que sont : la Tidjania, le Mouvement Sunnite, le Ittihad Islami, le Cercle d’étude, de recherche et de formation islamiques (CERFI) et l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina Faso (AEEMB), la CMBF est une institution emblématique de l’Islam au Burkina Faso.
L’association a toujours connu des bisbilles dans son organisation, mais ça ne va jamais loin, l’esprit de la foi religieuse ayant toujours primé.

Cependant, la dernière crise en date semble déroger à cette tradition du consensus. Depuis une année, en effet, une guéguerre de positionnement à la tête de la CMBF défraie la chronique. Les premiers responsables de la Communauté Musulmane, qui étaient sensés être des recours pour les politiques en cas de conflit, ont eux-mêmes eu recours à ces politiques pour ramener l’entente entre eux.
Après un semblant d’accalmie suite à l’intervention du Médiateur du Faso, la crise a repris de plus belle en ces débuts de 2021. Entre attaques verbales et conférences de presse interposées, les deux protagonistes ont franchi le rubicon dans la journée du 17 avril 2021. Ils étaient su bord de l’affrontement, en ce mois sacré du Ramadan, qui recommande une tenue vertueuse à tout musulman.

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Ces risques d’affrontements révèlent le caractère inquiétant de cette lutte qui semble avoir plus pour enjeux des intérêts de groupuscules que de la Communauté. Depuis lors, les musulmans constatent, impuissants, au ternissement de l’image de toute la Communauté, par des individus qui foulent au pied des prescriptions de leur religion, pour défendre une cause dont les tenants et les aboutissants sont à peine lisibles.
Nous sommes dans un pays qui est toujours à la recherche de ses repères en matière de paix et de stabilité. Les dignitaires religieux font partie des pistes explorées pour cette stabilité et la cohésion sociale tant recherchées.
Après cette scène honteuse du samedi, plusieurs interrogations ressortent. Que faire ?

L’Administration a toujours observé de la prudence dans la gestion de cette crise, au regard de la sensibilité de la fibre religieuse. Mais par moment, la fermeté devait être de mise.

A présent, la solution viendra des pairs. De la FAIB et des nombreuses personnes-ressources dont la Communauté Musulmane regorge.

La solution viendra surtout d’un sursaut des protagonistes et de toute la Communauté. En ce mois hautement symbolique du Ramadan, un camp doit faire preuve de hauteur spirituelle, en « laissant tomber », en pardonnant, en tendant la main. Il n’y a pas, en déhors de cela, une solution magique.

Voir les responsables des deux camps rompre le jeûne ensemble, se congratuler en frères, c’est un geste fort qui galvanisera les musulmans burkinabè dans leur foi, et l’ensemble des citoyens à la recherche de la paix perdue.

La Rédaction