Suite à la pandémie de la maladie à coronavirus, les pays d’Afrique de l’Ouest ont décidé de la fermeture de leurs frontières terrestres. L’argument était d’empêcher la propagation du virus. Plus d’une année s’est écoulée, et l’efficacité de cette mesure est remise en cause. Les frontières restent pourtant clauses, pour, on ne sait quel motif. Et pourtant, c’est une situation qui profite aux terroristes.
Quand les autorités des pays ouest-africains ont annoncé successivement la fermeture de leurs frontières terrestres, nombreux étaient les sceptiques remettant en cause l’opportunité et l’utilité de cette mesure. Devaient-ils combattre la Covid-19 avec exactement les mêmes armes que les pays d’autres parties du monde ? La maladie était-elle aussi ravageuse qu’elle l’était ailleurs ? Quelles en étaient les conséquences économiques, sécuritaires et sociales prévisibles ?
L’on sait que les terroristes profitent toujours des périodes d’incertitude pour se déplacer et s’implanter dans de nouvelles zones. Il en était ainsi en 2014 et 2015, lors de l’Insurrection et du Putsch manqué, quand les terroristes ont profité du remue-ménage à nos frontières pour s’installer au Sahel et au Nord.
Depuis mars 2020, le Burkina a fermé ses frontières avec ses voisins. Mais cela n’a jamais empêché les populations de se déplacer. La mesure a plutôt aggravé la corruption aux frontières. Des agents de sécurité sont ainsi devenus des convoyeurs et businessmen, faisant passer toutes sortes de personnes et de matériels, contre de l’argent. Un article d’investigation de Sidwaya sur la frontière Burkina-Côte d’Ivoire, et un reportage de ACTUALITE.BF sur la frontière Burkina-Togo, en disent long. Pas de vérifications d’identités, pas de rigueurs, pas de fouilles.
Et c’est du pain bénit pour les terroristes, qui ne demandent que pareilles faveurs. Ces hommes sans foi ni loi traversent donc les frontières, dissimulant sûrement armes, drogues et autres matériels logistiques.
La dégradation rapide de la situation sécuritaire dans la Comoé, frontalière de la Côte d’Ivoire, et la présence de plus en plus signalée de terroristes de l’autre côté dans le Nord ivoirien, sont en partie les conséquences de ce laisser-passer tacite.
Il est certain que des cellules terroristes dormantes se sont déjà installées de part et d’autre dans les frontières de pays voisins. La solution, à présent, est la mutualisation des efforts de l’ensemble des pays de la CEDEAO. Dans notre éditorial du 13 septembre 2021, nous disions que les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest faisaient une erreur d’analyse, en pensant que les drames n’arrivaient qu’aux voisins sahéliens. Et nous émettons l’idée qu’il se pourrait que les terroristes visent, in fine, les pays côtiers jugés plus riches et plus ouverts au monde.
Rouvrir les frontières terrestres et renforcer les contrôles sont maintenant une nécessité. En effet, si l’on permet à l’élite de voyager en avion sous certaines conditions, pourquoi ne pas généraliser ces conditions à tous les voyageurs ? Encore que là, des circuits frauduleux se mettent en place pour contourner les mesures. Rouvrir les frontières mettra fin à des calvaires inutiles, et ralentira surtout les mouvements transfrontaliers des terroristes.
La Rédaction