Ceci est une tribune du Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo. Il déplore le manque de vision adéquate de la plupart des candidats en lice pour l’élection présidentielle. Pour lui, il faut oser rêver avec le Dr Diabré Zéphirin que le Burkina aura son lac artificiel ou son canal fleuve navigable dans les décennies à venir.
Nous sommes en plein pour une autre échéance électorale digne d’intérêt. L’enjeu est immense et les attentes nombreuses car, le peuple qui a tant souffert de l’illusion de lendemains meilleurs promis tambour battant n’entend plus se laisser faire. Il est à déplorer que la plupart des candidats en lice et pas des moindres, pour l’élection présidentielle n’ait ni vision adéquate, ni une orientation cohérente, ni d’autres ambitions que l’effervescence futile et le défoulement. Cela est à regretter car sans vision il n’y a ni orientation ni possibilité d’actions salvatrices pour nos grandes aspirations.
C’est vrai qu’au-delà des propositions concrètes pour trouver des solutions aux problèmes les plus pressants des peuples (les besoins du quotidien), tout bon leader politique briguant la magistrature suprême de son pays doit savoir proposer un projet qui va au-delà de l’immédiat en projetant son pays dans le futur. Le leadership c’est tout autre chose que des ambitions crépusculaires de la tyrannie du présent qui nous oblige à nous limiter aux préoccupations de court terme.
L’histoire du monde illustre, à grand renfort d’exemples, que les grands peuples sont ceux qui ont nourri et entretenu de grands rêves pour lesquels ils se sont battus contre toute forme de contraintes. Tout l’intérêt et la singularité, y compris l’originalité d’un projet de société digne de ce nom, tient au fait qu’il prend en compte le dynamisme et le rôle moteur du rêve dans l’histoire.
C’est ainsi que des réalisations telles que le canal de suez, de près 193 km est sorti de terre en Egypte et que le lac artificiel devenu la huitième merveille du monde, que certains considéraient comme la folie d’un dictateur, a été conçu et réalisé sous le règne de Mouammar Kadhafi, traité de fou quand il y avait rêvé. Il s’étend sur près 3500 km. Nous pouvons aussi citer le projet de canal rivière chinois, jugé démentiel au départ, qui aujourd’hui est une réalité dont les eaux ruissellent sur près 1776 km offrant de nombreuses possibilités au peuple chinois.
En plus, ne passons pas sous silence les pyramides d’Egypte et les grandes murailles de Chine qui ne sont que l’aboutissement de rêves grandioses. Qui peut donc alors dire que tout ce qui est imaginable par l’homme n’est pas réalisable par l’homme ?
Pour sûr, nous savons avec Nelson Mandela que les grands rêves semblent impossibles jusqu’à ce qu’ils commencent. En somme, il est bon d’apprendre à rêver pour nos enfants et nos petits-enfants en alliant l’audace à l’idéalisme et le réalisme à la rationalité. Alors, la diabolisation d’un candidat ayant de grands rêves pour son peuple est une entreprise absurde, destructrice et inutile. Il est couramment admis que les peuples qui ne rêvent pas n’ont pas de place dans l’histoire ni dans le concert des Nations respectées du monde.
Rêver, c’est déjà écrire une histoire glorieuse transcendant les époques et le temps.
Osons donc rêver, avec le Dr. Diabré Zéphirin, que le Burkina aura son lac artificiel ou son canal fleuve navigable dans les décennies à venir. Cela est réaliste et réalisable. Il faut tout simplement y croire, avoir la volonté de le faire et y mettre les moyens.
Si les grands peuples du monde se sont hissés là où ils sont par le rêve, pourquoi pas nous ?
Alors, laissons les choses basses mourir de leur propre poison et que les candidats visionnaires puissent rêver audacieusement le futur du Burkina Faso.
Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo
Economiste