Secteur 26 de Bobo : des habitants expulsés de leurs cours où ils vivent depuis 40 ans

Deux familles des habitats spontanés du secteur 26 (quartier Sarfalao) de Bobo-Dioulasso, ont été expulsées de leurs maisons ce mardi 1er août. La raison est qu’elles se seraient installées sur une parcelle qui aurait été déjà attribuée à un particulier.

Après quarante ans de vie sur une parcelle, se voir un matin expulsé manu militari : la pillule est difficile a avaler pour les familles Zoungrana et Sawadogo. Ce mardi 1er août leur restera gravé dans la mémoire. Ils ont vu leurs affaires mises dehors et leurs portes ont été scellées par les Forces de l’ordre en présence d’un huissier et de celui qui se réclame être le propriétaire légal de la parcelle.

Hamadou Zoungrana est l’époux de deux femmes et père de 8 enfants. Il confie que ce sont les voisins qui l’ont prevenu de la présence des Forces de l’ordre et de l’huissier chez lui, alors qu’il était déjà au marché. Revenu urgemment, il verra toute sa maison vidée. « Quand je suis arrivé, j’ai trouvé qu’ils ont jeté toutes mes affaires au dehors et scellé toutes les portes », explique-il.

C’est le même calvaire qu’a vécu Solange Sawadogo, voisine de Hamadou. Elle raconte la scène : « Ils m’ont appelé pour dire de venir à la maison, que des gens sont venus casser ma porte et jeter mes affaires dehors. Quand je suis arrivée, la cour était pleine de policiers. Quand j’ai voulu m’approcher, ils m’ont interdit l’accès au domicile et je me suis mise de côté jusqu’à ce qu’ils finissent leur travail et repartir. »

Pour les habitants du secteur 26 de Bobo-Dioulasso, leur calvaire aurait commencé depuis quelques années. Suite au dernier lotissement, interrompu par l’insurrection populaire de 2014, plusieurs habitants, dont Hamadou Zoungrana et sa voisine Solange Sawadogo, ne verront pas leurs noms sur la liste des attributaires.

Selon François Kaboré, ex-conseiller municipal de l’arrondissement 5, le cas de leur quartier a fait l’objet de plusieurs délibérations par le Conseil municipal de l’arrondissement 5. « On a été surpris ce matin de voir deux pickups chargés comme si c’était la guerre. Si les habitants déguerpis avaient été atrributaires mais ont refusé d’aller dans leurs parcelles, on pouvait comprendre. Nous sommes des ex-conseillers et c’est nous-mêmes qui avions pris la délibération concernant plus de 240 hectares. C’est l’Insurrection qui a tout changé, et nous n’avons pas pu avoir l’autorisation. Mais on s’était dit qu’avec la délégation spéciale, le processus allait continuer. Et on attendait toujours. Le propriétaire est venu, et nous lui avons expliqué et l’avons supplié de patienter jusqu’à ce que la mairie trouve une solution. Nous avons été surpris ce matin qu’il soit revenu avec un huissier. »

Dans un communiqué publié le 1er juin 2023, la délégation spéciale de Bobo-Dioulasso avait annoncé la suspension de toute activité de mise en valeur de parcelles dans trois arrondissements de la ville de Bobo-Dioulasso. Parmi les secteurs concernés par le communiqué figure le secteur 26.

Face à cette situation, les habitants de la zone concernée disent compter sur le président de la Transition, le capitaine Ibrahim TRAORE. Car, selon eux, seule l’intervention du chef de l’Etat apportera des résultats favorables à leur situation. Il n’est donc pas question, affirment-ils, qu’ils quittent leur lieu de résidence actuelle, n’ayant nulle part où se réinstaller avec leurs enfants. 

Gibran Millogo,

Correspondant de ACTUALITE.BF dans le Grand Ouest