[Tribune] La chute croissante de l’Etat de son piedestal, pris en tenailles entre les demandes des citoyens et celles de la nature

Ceci est une tribune libre de Maître Hermann Yaméogo, sur la faillite de l’Etat classique, et les perspectives de survie de l’humanité.

Il fut un temps où, de par le monde, l’Etat était considéré comme la puissance achevée et, même sous la révolution française ( hostoire de renforcer sa mainmise sur les religions), un peu comme le dieu vivant, l’être suprême . Les mystiques attachements à l’indépendance de l’Etat, à la souveraineté nationale au sortir des monarchies de droit divin, aujourd’hui revenus au zénith des aspirations dans nombre d’Etats africains dont le nôtre, témoignent d’une méconnaissance de l’évolution des relations mondiales ou tout simplement d’un décrochage maladif avec les réalités de la vie.

Il faut, pour mieux appréhender la nature profonde de cet illuminisme, souligner qu’il est parfois le fruit d’entreprises d’exploitations de l’ignorance et de la pauvreté des peuples, pour l’assouvissement d’ambitions personnelles, et même d’autolatries indomptables.

L’implacable constat est la prise de l’Etat dans un étau compresseur et rongeur par deux types d’altérations, disons même de coups de griffes. Le premier émane des citoyens.

Ce qu’il faut dire avant tout, c’est que bien avant les indépendances, mais plus nettement après la seconde guerre mondiale, l’Etat a commencé à perdre de ses capacités. Il a en effet, au fil du temps, de l’augmentation des citoyens, de la complexification des demandes sociales, de la multiplication des crises et de de l’épuisement des ressources internes, de plus en plus montrer ses limites à répondre à toutes les attentes des citoyens.

De façon partagée, même avec évidemment des degrés variés , l’État dans le monde entier s’est vu contraint, pour être en mesure de donner meilleures suites aux demandes sociales de croissance et de mieux vivre-ensemble des populations, de sortir de l’autarcie. Il a été dans l’obligation de multiplier des échanges avec le monde extérieur, créant par ce fait, les conditions de l’interdépendance des Etats, et même des peuples.

Les choses allant, on a assisté à la promotion du concept attrayant pour beaucoup, de « village global » ou de « nation terre ». Il s’agit là d’une évolution irrépressible interne aux États qui entraîne ipso facto l’amenuisement des indépendances et la progression de la mutation en utopie de la souveraineté nationale. Les griffures faites ici à l’Etat sont endogènes.

Le deuxième type d’altérations émane de la nature. Ce qui accroît le plus tragiquement ce phénomène d’affaiblissement, sinon de dépérissement de l’Etat, ce sont les mises en garde exogènes, venant de la nature, sur laquelle pèsent des risques fatales du fait de l’homme. La menace à l’équilibre fragile de la biodiversité lui incombe en effet.

Les plus grands scientifiques du monde entier confirment le déclin de la nature à un rythme des plus périlleux. Les causes immédiates de la perte de la biodiversité sont nombreuses et ressortent notamment de la perte d’habitats naturels, de la pollution qui perturbe les écosystèmes, des changements climatiques, de la surexploitation des ressources, des applications technologiques non maîtrisées, des armes nucléaires, de la guerre, pour ne citer que ces menaces pesant sur l’Etat. Autant de périls qui, au-delà des États, pèsent sur la nature, et donc sur les êtres humains, les obligeant, pour la survie de l’espèce, à changer de références de vie, de comportements sociaux, d’ambitions et de visions sur la nature. Voilà qui implique un humanisme de rechange plus en adéquation avec la préservation de la nature et la perpétuation de notre humanité.

On ne pourra y parvenir sans des formes de migrations de l’Etat et de la nation de nos territoires exiguës, aux confins du monde. Grands comme petits, les États toujours prisonniers de l’esprit de domination, de surpuissance et dépendant des égoïsmes et cruautés traditionnelles, ne s’empressent pas de prendre les mesures qui s’imposent, car reposant au final sur de grands transferts de pouvoirs au niveau d’une collectivité internationale avec pour inductions obligées des pertes d’indépendance et de souveraineté.

Mais entre la survie de l’humanité et le suicide collectif, il faut espérer que la raison retrouve ses prérogatives. « La nature est devenue ma patrie. Alors : je suis Éco-Patriote Transnationaliste / Alter-Humaniste ».

Me Hermann Yaméogo