[Nous nous référons aux données publiées par Anne Catrier et Bruno Carron (Ingénieur, 1991) /Nº213-IA et santé Numérique et Défense. Le présent texte ne divulgue aucun secret défense. Les informations fournies sont déjà publiques et disponibles.]
Dans un monde de plus en plus connecté, friand de datas et d’informations, les technologies de l’IA s’immiscent de façon presque naturelle dans notre quotidien, pour améliorer nos expériences en tant qu’utilisateurs ou en créer de nouvelles. Le domaine de la défense n’y échappe pas et, comme tous les autres, il est confronté à une véritable explosion des données. Mais aussi à une augmentation et diversification des menaces, et à une forte accélération des séquences, qu’il s’agisse du tempo des évènements géopolitiques déclencheurs ou des opérations menées par nos armées.
Pour autant, le nombre d’opérations des armées reste sensiblement constant. Les attentes des armées sont donc très fortes envers les solutions basées sur les technologies de l’IA, considérées à présent comme le plus souvent matures, et d’ailleurs parfois déjà déployées dans le domaine civil.
Il est donc important de noter que les applications de l’IA pour la défense sont très vastes, depuis le déplacement de plateformes autonomes (drônes, mules ou robots aériens, terrestres et marins), la maintenance prédictive des plateformes militaires, l’assistance aux opérateurs en temps réel (en conduite ou en phase de combat), les systèmes embarqués et seriseurs (radars…) contre mesures, ou le concept du soldat augmenté sans être évidemment exhaustif.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le monde, l’utilisation de drônes et avions de combat dotés d’IA a permis d’engranger de résultats significatifs. En effet, cette technique permet de détecter et d’agir contre l’énnemi à longue distance. Elle permet également à un pays de surveiller et de contrôler son espace aérien et terrestre.
En outre, l’espace informationnelle est devenu l’un des champs d’actions privilégiés de puissances cherchant à pousser leur avantage et leur propre modèle. En mettant en jeu, dans l’immense majorité des cas, ces nouveaux repères quotidiens que sont smartphones, médias numériques et réseaux sociaux.
Par ailleurs, du moment où les opérations de la cyberdéfense informatique s’apparentent assez à celles des SOC (Security Opérations Centers) civils, les opérations militaires tactiques impliquent des ressources encore plus rares (informatiques, main d’oeuvre,…) et une connectivité limitée (jusqu’au mode silence).
Ici, les technologies d’IA permettent de détecter les intrusions, analyser le traffic et identifier des modèles dans les communications militaires complexes.
Améliorer l’identification d’activités d’intrusions en temps réel pour contribuer à prévenir les attaques cyber, fait aussi partie du jeu. De même qu’identifier les vulnérabilités dans les logiciels et systèmes militaires ; supporter l’identification de nouvelles menaces et la compréhension des tactiques, techniques et procédures utilisées par les attaquants.
La stratégie d’adoption de l’IA passe prioritairement par la maîtrise des données. Du renseignement jusqu’à la planification et la conduite des opérations aériennes, l’insertion de l’IA doit permettre de répondre à la problématique de l’explosion du nombre d’informations disponibles (infobésité), la multitude des acteurs impliqués et l’augmentation de leurs performances posent de nombreux défis au commandement.
L’IA est essentielle pour analyser les données en très grande quantité, consolider l’information élaborée, et distribuer la connaissance pour décider et agir avec clairvoyance.
Boureima Badiel