Ceci est une tribune de Moutawakilou Gounou.
L’Afrique n’a pas [toujours] besoin d’aide.
Elle a plus besoin de bon sens… et d’un GPS pour localiser ses voisins et 3 400 milliards de dollars.
En 2024, les pays africains ont échangé entre eux pour 208 milliards de dollars. C’est bien. Mais sur l’ensemble des transactions du continent, ça pèse à peine 15 %.
Autrement dit :
Sur 100 wagons de richesse, on s’en refourgue 15 entre nous.
Et les 85 restants ?
Direction l’extérieur.
Pendant qu’on importe à tour de bras… des trucs qu’on pourrait fabriquer dans la rue d’à côté.
C’est comme organiser un banquet royal…
et finir par grignoter un croûton dans la cuisine.
C’est envisageable, bien sûr.
Mais pas pour tout le monde.
Et surtout pas pour un continent qui manque déjà de tout sauf de potentiel.
Le plus absurde ?
C’est que la ZLECAf, ce fameux accord de libre-échange continental,
s’il était réellement appliqué, pourrait augmenter notre PIB de 3 400 milliards de dollars d’ici 2035.
Oui, tu as bien lu : trois mille quatre cents milliards.
Contre 2 960 milliards en 2023.
Autrement dit :
Ce qu’on ne fait pas ensemble vaut plus que ce qu’on galère à construire chacun dans son coin. Et on appelle ça de la “croissance”.
Mais bon…
Plutôt que d’ouvrir les frontières,
on continue à faire du zèle douanier entre pays cousins.
À empiler les barrières non tarifaires comme des Legos.
Et à faire passer un conteneur de Cotonou à Niamey comme s’il devait traverser l’Himalaya à cloche-pied.
Pendant ce temps ?
Le port d’Anvers te livre Lomé en 72h chrono (En vrai, c’est 14 jours, mais c’est pour donner une image).
Mais pour faire voyager du coton de Korhogo à Bamako, il te faut une dérogation présidentielle, deux séances de prière, et une tente pour bivouaquer à la frontière.
Et ne me parle pas des routes.
Ni des rails.
Ni des normes…
Comme si chaque pays avait inventé sa propre chimie moléculaire.
Et après on s’étonne que certains prennent la Méditerranée au péril de leur vie ?
Franchement, même un drone made in Germany aurait besoin d’un miracle pour survivre à notre logistique.
Il faut arrêter de croire que la solution viendra de Paris, Washington ou Pékin.
Elle est probablement juste à côté. Littéralement.
À une frontière près. À une volonté près.
Il est temps d’arrêter de s’auto-saboter.
La plus grande aide que l’Afrique puisse recevoir, c’est un accès fluide… à elle-même.
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