Remaniement ministériel: ce qu’il faut attendre du tandem Roch-Zeph

Le Gouvernement DABIRE II a été dévoilé à travers un décret  lu le dimanche 10 janvier 2021. La majeure partie des ministres restent à leurs postes, avec quelques aménagements. 12 ministres ont plié bagages, et ont fait place à des entrants. Mais, le fait le plus marquant est l’entrée de Zéphirin DIABRE, ancien chef de file de l’opposition et candidat malheureux à la présidentielle. Il aura pour tâche d’organiser la réconciliation entre les Burkinabè. A quoi faut-il s’attendre ?

Par cette nomination, le Président du Faso, Roch KABORE, manifeste là sa bonne foi et son engagement d’aller à une véritable réconciliation nationale. En allant chercher son plus farouche opposant pour lui confier cette délicate mission, le premier d’entre les Burkinabè donne le ton de cette réconciliation tant recherchée.

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Le profil de l’homme n’est pas anodin. Chef de file pendant deux mandats avec successivement le MPP et alliés, puis le CDP et alliés, il est réputé ne s’être pas fait d’ennemis et de savoir construire le consensus.

On le sait, les deux personnalités ne sont pas étrangères l’une de l’autre. Ils avaient déjà servi le pays dans le même gouvernement sous Blaise COMPAORE, et ont lutté ensemble dans l’Opposition contre la modification de l’article 37.

Zéphirin DIABRE, en acceptant le poste de ministre d’Etat, fait lui-aussi preuve d’humilité, et privilégie l’intérêt supérieur de la nation à sa propre fierté.

Dans le fond, la démarche pour la réconciliation nationale pourrait être basée sur le triptyque vérité-justice-réconciliation. Du reste, dans le cadre du Dialogue politique, la classe politique qui y participait avait accordé ses violons pour que la démarche soit ainsi. Avec la nuance que certains étaient favorables à la justice transitionnelle, tandis que d’autres optaient pour la justice classique.

Comment apaiser définitivement les cœurs des familles endeuillées injustement, des victimes diverses ? Comment faire revenir les exilés ? Comment gérer les passifs de crimes économiques et de sang ?

Zéphirin DIABRE, même s’il a  un début de réponse à ces questions (il en a fait cas dans son programme), va surement emprunter la voie du consensus. C’est-à-dire que les forces vives et les victimes devraient être consultées, et qu’elles devraient décider de voies à suivre pour que les Burkinabè se pardonnent sincèrement.

Il faudrait que le Ministre d’Etat en charge de la réconciliation sache éviter les erreurs des processus passés, en allant jusqu’au bout de la thérapie avec patience et sagesse.

Mais les missions assignées à « Zeph » ne se limiteront surement pas à cet aspect de la réconciliation. Il est aussi ministre d’Etat en charge de la cohésion sociale. La fronde sociale, la stigmatisation de certaines communautés, les ressentiments de certaines localités envers l’Etat central, seront probablement traités par le Ministère de Monsieur DIABRE. Pour ce faire, des réformes sont nécessairement à opérer.

La réconciliation, au stade où le Burkina se trouve, est une question vitale. Et, si le Président du Faso et son Ministre d’Etat réussissent sur ce terrain, ils auront soigné notre pays d’une grande partie des maux qui le minent. Et l’histoire leur revaudra.

La Rédaction