La tension est vive au sein de la famille SANOU au quartier Farakan de Bobo-Dioulasso. Plus d’un siècle après le décès de l’Imam Sidiki SANOU, son héritage divise sa descendance. L’un des membres de la famille a pu se faire établir le certificat d’hérédité, et a vendu 650 m² de la cour familiale à 60 millions de FCFA. Mais la cour ainsi vendue abriterait une centaine de personnes, membres de la famille. Sommés par la justice de quitter les lieux ce mercredi 15 juin 2022, ces membres ont fait le pied de grue devant la cour. Ils ont profité de l’occasion pour s’adresser à la presse à travers un point de presse. Ils ont interpellé les autorités à avoir un regard sur cette affaire, afin d’éviter que le pire n’arrive.
C’est ce mercredi 15 juin 2022 que les membres de la famille SANOU devaient quitter la cour familiale, située dans le quartier Farakan. Une cour familiale héritée de leur grand-père, Sidiki SANOU, fondateur de la grande mosquée de Bobo-Dioulasso. La faute à un des leurs qui a vendu une partie de la cour à un particulier, après une mésentente au sein de la famille. Ce dernier, qui est arrivé à se fait établir un certificat d’hérédité, a fait diviser la parcelle de 1300 m² en deux. Les autres membres de la famille ont alors compris son projet de vendre la parcelle.
L’affaire a été portée devant les juridictions compétentes par les membres de la famille. C’est le début d’un long feuilleton judiciaire. Au début de l’affaire, en 2010, le mis en cause, convoqué à la justice pour une première fois par les membres de la famille, a tout nié en bloc. Le juge a alors décidé de renvoyer les deux parties, tout demandant aux autres membres de la famille de revenir s’ils avaient « vent de quelque chose de nouveau ».
S’en est suivie une bataille judiciaire par avocats interposés, qui va durer jusqu’en 2014, année choisie par l’héritier « récalcitrant » pour vendre sa part d’héritage, la cour de 650m², à 60 millions de FCFA. Le nouvel acquéreur a fait la mutation de propriété, et s’est fait établir un Permis Urbain d’Habiter (PUH) en 2019.
La famille, dans un premier temps, a été sommée en 2014 par un huissier de justice de quitter les lieux. Elle a alors attaqué cette décision et, le 11 mai 2018, selon les membres de la famille, le cousin a été débouté.
Mais, c’est sans compter avec ce dernier qui n’a pas lâché prise. En 2021, un autre huissier leur a notifié qu’ils devaient démenager de la cour. Selon cet huissier, la parcelle sur laquelle une centaine de personnes habitent depuis des décennies serait désormais la propriété de la famille TAGO. Cette famille diamantaire qui résiderait en Angola, détenait un PUH daté de 2019, et qui serait signé par le maire d’alors de l’arrondissement 1 de Bobo, selon Lamine SANOU, porte-parole de la famille.
« Sacrilège », s’est écrié Lamine SANOU. Un nouveau coup dur pour la famille. Difficile pour elle de comprendre qu’une affaire qui serait bouclée depuis 2018, puisse resurgir en 2021 avec un Permis Urbain d’Habiter de 2019.
Légaliste, la famille a décidé une fois de plus d’attaquer l’affaire au Tribunal administratif de Bobo. Alors que le dossier était en attente de jugement, l’huissier est revenu à la charge le 1er juin 2022 pour demander à la famille de quitter la cour avant ce mardi 15 juin.
Face à cette situation, la famille SANOU, héritière de l’Imam Sakidi SANOU, a dit prendre l’opinion nationale à témoin. Elle a interpellé les autorités à avoir un regard sur cette affaire et ce patrimoine de famille qui a un lien avec l’histoire de la ville de Bobo-Dioulasso. Si la décision de justice prise dans cette affaire est maintenue, ce sont environ 100 personnes, des vieilles, des jeunes et des enfants, qui dormiront dans la rue, ont averti les conférenciers.
Gibran MILLOGO,
Correspondant de ACTUALITE.BF dans la région des Hauts-Bassins