Centrafrique : La moitié de la population menacée par une crise alimentaire extrême (ONU)

Plus de deux millions de personnes, soit environ la moitié de la population de la République Centrafricaine vivent dans un état d’insécurité alimentaire aiguë, ont alerté l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

Les déplacements de populations, la crise sanitaire liée à la Covid-19 et les épisodes de violence empêchent une production vivrière normale.

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Selon le PAM et la FAO, « plus de 2,2 millions de personnes », soit près de la moitié de la population (47%), risquent de se retrouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë d’ici août.

D’après les deux organisations, « plus de 1,6 million de personnes (un tiers de la population) sont en situation de crise », ce qui signifie qu’elles risquent de devoir sauter des repas ou vendre le peu qu’elles possèdent pour acheter de la nourriture.

« Plus de 630.000 personnes (un dixième de la population) sont en situation d’urgence », ce qui signifie qu’elles risquent de devoir vendre leur dernière source de subsistance dont elles disposent, de retirer leurs enfants de l’école ou de recourir à la mendicité.

Mercredi 19 mai, le ministère centrafricain de l’Agriculture et du développement rural, avec l’appui des ONG nationales et internationales ainsi que les Agences des Nations-Unies (PAM et la FAO) ont organisé une réunion d’échange sur la mise en œuvre d’une assistance significative en réponse à la crise alimentaire.

« Les financements humanitaires ne sont toutefois pas encore complètement mobilisés pour garantir une réponse alimentaire satisfaisante qui prend en compte l’augmentation significative des besoins des populations », a regretté à l’agence Anadolu, vendredi, Honoré Féizouré, ministre centrafricain de l’agriculture.

En République centrafricaine, la saison de soudure (mai-août) correspond à la principale saison de végétation des cultures, une période juste avant les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente est épuisé.

De plus, la production alimentaire locale a été faible l’année dernière selon le ministre centrafricain de l’agriculture.
Cette situation a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires.

L’insécurité alimentaire aiguë a augmenté sous l’effet d’un regain de violence en décembre, en marge des élections.

Les combats intenses qui ont éclaté se sont propagés dans tout le pays. Les principaux couloirs de transport ont été coupés et les routes vitales pour l’approvisionnement dans les zones enclavées sont devenus impraticables, poussant des milliers de personnes à quitter leur foyer.

La FAO et le PAM craignent que cette insécurité continue d’empêcher l’aide de parvenir à ceux qui sont dans le besoin et demandent de pouvoir accéder sans entrave aux populations dont la survie dépend cruellement de l’assistance humanitaire.

« Nous n’avions jamais vu auparavant tant de personnes poussées si brutalement aux limites de la survie. Plus d’un demi-million de personnes sont au bord de la famine. Nous devons agir maintenant et de toute urgence pour sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré Aline Rumonge, Directrice adjointe du PAM en RCA.

La FAO et le PAM ont souligné qu’ils ont besoin d’environ 90 millions de dollars d’ici septembre 2021 afin de continuer à apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle vitale aux personnes touchées par la crise dans le pays.

Agence Anadolu