[Chronique IA] L’Intelligence Artificielle au service de la sécurité urbaine

L’Intelligence Artificielle (également appelée IA) accélère sa diffusion dans tous les domaines d’activité et, notamment, dans le domaine de la sûreté, avec la vidéoprotection, où elle suscite de grands espoirs.

L’Intelligence Artificielle est de nos jours la seule issue possible pour travailler en temps réel et non plus seulement en élucidation, après coup. Que peut-elle apporter au domaine de la sûreté et de la sécurité, notamment dans le cadre de la sécurité sur la voie publique ?

En science des données, l’Intelligence Artificielle désigne un cerveau artificiel pleinement fonctionnel. Logé dans une machine, c’est une intelligence qui a conscience d’elle-même et qui peut apprendre, raisonner et comprendre tout comme le ferait un cerveau humain. La particularité de cette intelligence est qu’elle peut également acquérir de nouvelles connaissances sans l’intervention d’un opérateur humain.

Malgré cette fermeté réglementaire, l’intelligence artificielle n’est plus seulement une opportunité future, mais répond d’ores et déjà à certains besoins des forces de l’ordre.

En effet, elle est déjà exploitée dans certains outils opérationnels répondant à un cadre judiciaire délimité. Ainsi, le programme Sigma-Tau, initié en 2016 par la Police française, vise à répondre aux enjeux de traitement des vidéos de masse lors d’enquêtes sensibles, en automatisant plusieurs fonctionnalités : analyse des mouvements, lecture automatique de plaques d’immatriculation, détection de mouvements anormaux, etc. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour l’affaire Merah, le traitement des 10 000 heures de vidéosurveillance auraient nécessité le travail d’un agent pendant 1 an et demi… contre quelques heures pour que l’algorithme effectue un premier tri qualificatif sous le contrôle d’un opérateur.

Néanmoins, l’IA peut s’inscrire davantage encore dans le quotidien des gendarmes et policiers. Traduction en temps réel, retranscription automatique de la parole, maintenance prédictive du parc automobile : un grand nombre de cas d’usage demeurent inexploités, alors qu’ils sont juridiquement moins sensibles, étant donné qu’ils n’exploitent que peu (voire pas) de données personnelles.

L’objectif de la recherche sur l’IA est de créer une intelligence capable de comprendre le monde qui l’entoure, d’acquérir des connaissances et, à partir de ces expériences, d’acquérir des compétences qui n’y étaient pas programmées auparavant. Nous sommes en réalité à des années de ce type de véritable IA, mais les scientifiques ont fait d’énormes progrès dans plusieurs domaines de recherche, y compris l’apprentissage automatique et l’apprentissage profond.

L’apprentissage automatique (ou machine), c’est le fait de donner de nouvelles connaissances à une machine afin qu’elle apprenne à utiliser ces nouvelles informations et celles précédemment acquises pour améliorer d’elle-même ses performances, le tout sans être explicitement programmée pour le faire.
Au lieu de coder des instructions qui reste inchangées avec le temps, les programmeurs utilisent des algorithmes d’apprentissage automatisés et des ensembles de données qui vont former une machine à évaluer, modifier et au final améliorer ses propres processus informatiques.

D’autres parts l’Intelligence Artificielle assure un rôle dans la sûreté et la sécrurité des biens et des personnes sur la voie publique. L’IA est très importante dans l’analyse d’image de systèmes de vidéoprotection, où l’ordinateur est capable d’analyser en temps réel et de créer les profils des personnes qui passent devant les caméras. Ceci permet aux opérateurs de détecter et de suivre en temps réel une personne au comportement suspect. L’IA est également présente dans les technologies équipées de la reconnaissance faciale.

Elle permet également de faciliter d’épauler les enquêteurs dans le travail de recherche lors de la résolution d’enquêtes : les détails de métadonnées récoltées comme le sexe, l’âge approximatif, la couleur des vêtements, les accessoires, lunettes, sac-à-dos, vélo, etc. permettent de retrouver en quelques minutes, toutes les personnes correspondant au signalement et qui sont passées devant les caméras de vidéoprotection sur plusieurs heures, voire plusieurs jours.

L’IA est également présente dans les systèmes LAPI (Lecture Automatique des Plaques d’Immatriculation), qui automatisent la lecture et l’identification des plaques d’immatriculation afin que les forces de l’ordre, les sociétés commerciales et les municipalités puissent localiser plus facilement les véhicules recherchés.

L’objectif est de permettre au système de prendre une image de l’arrière d’une voiture qu’il n’a jamais vue auparavant et de pouvoir afficher les caractères de la plaque d’immatriculation, son état d’origine et la marque du véhicule. Pour ce faire, il compare la nouvelle image avec les images étiquetées dans sa base de données. Il calcule ensuite la probabilité que la nouvelle image appartienne à un ensemble spécifique de classifications prédéterminées.

L’ordinateur identifie et piste donc automatiquement les véhicules qui accèdent aux installations sous protection et permet ainsi de sécuriser et de surveiller des zones qui étaient jusqu’alors sans protection, comme les aires de stationnement.

Doit-on avoir peur de l’IA sur la voie publique ?

Les opérateurs de vidéoprotection qui visionnent en direct les images des caméras sont des agents de sécurité assermentés. Leur rôle est de patrouiller virtuellement sur le secteur défini et de détecter, à l’aide des logiciels intelligents, les comportements suspects qui interviendraient sous l’œil des caméras. Ils peuvent ainsi aider en direct les équipes sur le terrain dans l’indication et le suivi précis de l’endroit où se trouve un suspect ou dans la description d’une agression ou d’un vandalisme en cours.

L’intelligence Artificielle dans le domaine de la sécurité a pour but unique de renforcer la sûreté et la sécurité des biens et des personnes. Les images récoltées par les caméras de vidéoprotection sont conservées dans des serveurs informatiques hautement sécurisés et sont détruites dans un délai d’un mois sauf pour les images qui auraient été sujettes à une réquisition par les forces de l’ordre dans le cadre d’une enquête.

Alors oui, l’intelligence artificielle récolte des données sur toutes les personnes qui passent devant les caméras, mais ces données ont pour unique but d’enrichir les connaissances de la machine et de la rendre plus performante dans la détection de comportement suspect, et ce dans le but de réduire le vandalisme et l’insécurité dans nos villes. Les systèmes de vidéoprotection sont soumis à des règles très strictes. En aucun cas, les données et les images récoltées ne peuvent être utilisées ou revendues à des fins commerciales.