Crise en RDC: Le président Tshisekedi annonce un remaniement gouvernemental et appelle à l’unité nationale

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Antoine Tshisekedi, a annoncé, ce samedi 22 février à Kinshasa, un remaniement gouvernemental à venir, envisageant la formation d’un gouvernement d’union nationale.Cette décision intervient dans un contexte marqué par la progression des rebelles du Mouvement 23 Mars (M23) dans l’Est de la RDC.

Lors d’une réunion avec les députés nationaux, sénateurs et responsables politiques de sa plateforme, l’Union sacrée de la nation (USN), le chef de l’État a exprimé sa déception face au manque d’engagement de certains membres de son camp politique dans la gestion des crises sécuritaires, tout en saluant quelques figures pour leur implication active.Face à l’avancée du M23, qui contrôle désormais plusieurs localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le président Tshisekedi a insisté sur la nécessité d’unité et de mobilisation : “ Nous devons nous unir. Notre force reste des Congolais debout et déterminés.”

Félix Tshisekedi a dévoilé la mise en place imminente d’un “plan d’urgence” pour ces provinces, incluant une augmentation des effectifs militaires et une collaboration renforcée avec la mission onusienne, Monusco, malgré les critiques passées sur son efficacité.Il prévoit également une réforme profonde des forces armées pour bâtir “une armée professionnelle” capable de faire face aux défis actuels, promettant une révision du budget national pour prioriser la défense et mieux contrôler l’exploitation des richesses minières, souvent pillées dans les zones rebelles : “ Nos minerais doivent servir à bâtir notre armée, pas à enrichir nos ennemis ”, a-t-il insisté.Sur le plan diplomatique, Tshisekedi a salué les pressions exercées par la communauté internationale sur le Rwanda suite à une résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies, vendredi 21 février, exigeant que Kigali cesse son soutien au M23 et retire immédiatement ses troupes du territoire congolais.

Le Rwanda dément les allégations de Kinshasa et de l’Onu selon lesquelles il soutiendrait le M23 en lui fournissant armes et troupes.Le président congolais a aussi mentionné des pourparlers avec des partenaires régionaux comme l’Angola et le Kenya pour intensifier les efforts de médiation et de déploiement de forces sous l’égide de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).Cependant, il a mis en garde contre tout relâchement : “Nous engrangeons certes des victoires sur le plan diplomatique mais nous devons rester vigilants et actifs. L’ennemi ne va pas lâcher”, a-t-il lancé. Felix Tshisekedi a par ailleurs, rendu hommage aux forces armées congolaises (FARDC) qui combattent contre les rebelles et a appelé tous les Congolais, et particulièrement la jeunesse, à se mobiliser pour défendre leur patrie : “ Nos agresseurs ne sont pas plus forts que nous. Mobilisons-nous ! Défendons la patrie. Vous êtes l’avenir, mais aussi le présent.

Le Congo a besoin de votre énergie maintenant ” a-t-il déclaré.Cette réunion entre le président Tshisekedi et les députés nationaux, sénateurs et responsables politiques de l’USN intervient dans un contexte de crise sécuritaire majeure, le M23 ayant pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu capitale provinciale du Sud-Kivu, après une offensive éclair dans l’est de la RDC.Des milliers de morts ont été enregistrés depuis le début de l’offensive rebelle déclenchée fin janvier, selon l’Onu.Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

Agence Anadolu