Ceci est une déclaration de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) et du Front Patriotique pour le Renouveau (FPR) sur l’affiliation au Chef de file de l’opposition, et sur certaines menaces qui pèseraient sur la démocratie burkinabè.
Chers compatriotes, vaillants défenseurs de la république et de la justice sociale, mesdames et messieurs les représentants des presses nationales et internationales, il y a des moments dans la vie ou il faut savoir quoi qu’il en coûte, rester digne malgré les turbulences, les intimidations et les tentatives diverses de récupération ou de musèlement.
Convaincus que le respect des droits fondamentaux est un principe incontournable de toute démocratie et qu’il ne s’aurait de surcroît être bafoué par un régime officiellement déclaré démocratique, les partis politiques que sont :
- le Front Patriotique pour le Renouveau (FPR) de Dr Aristide OUEDRAOGO,
- l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) de Me Herman YAMEOGO,
ont décidé ce jour, de dénoncer publiquement des manquements graves qui portent atteinte aux droits des partis et à la démocratie de notre cher pays le Burkina Faso.
Ainsi, considérant :
- Que nous ne sommes point dans la logique d’un combat ni d’une contradiction personnalisée, mais bien au contraire dans celle d’une opposition attachée à une réconciliation nationale véritablement sincère et inclusive, patriotique et respectueuse (sans équivoque) des lois de la république ;
- Qu’en ce qui concerne le Chef de fil de l’opposition (CFOP), son existence juridique est clairement consacrée par la loi et qu’en l’espèce, celle-ci fait cas d’une personne physique reconnue comme tel et non d’un regroupement quelconque encore moins d’un cadre, fût-il appelé cadre de concertation ou tout autre ;
- Que l’article 14 de la loi n°009-2009/AN du 14 avril 2009 portant statut de l’opposition politique dispose que «le chef de fil de l’opposition est le porte-parole attitré de l’opposition politique»
- Qu’il est incontestablement reconnu que le porte-parole d’un groupe n’est point obligatoirement le patron encore moins le premier responsable de ce groupe mais plutôt celui qui est désigné au regard uniquement de certaines considérations et pour le cas particulier du CFOP, il est simplement le premier responsable du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale (cf. article 15 de la même loi ci-dessus évoquée) ;
- Que l’alinéa 1er de la loi n°009-2009/AN du 14 avril 2009 portant statut de l’opposition politique disposait en son article 4 que «pour être un parti de l’opposition, il faut faire une déclaration officielle de son appartenance à l’opposition et la transmettre au chef de fil de l’opposition» ;
- Que cependant suite à des plaintes portées au niveau du CCRP (Comité Consultatif sur les Reformes Politiques) par des partis de l’opposition contre cette disposition suspectée de vouloir imposer autoritairement le bipartisme, ladite loi de 2009 a été modifiée en 2013, par la loi n°046-2013/AN portant modification de la loi n°009-2009/AN du 14 avril 2009 portant statut de l’opposition politique, qui dispose en son article 4 : «qu’au lieu de lire: pour être un parti de l’opposition, il faut faire une déclaration officielle de son appartenance à l’opposition et la transmettre au chef de fil de l’opposition, lire plutôt : tout parti politique doit faire une déclaration écrite publique de son appartenance à l’opposition ou à la majorité avec copie au ministre en charge des libertés publiques pour enregistrement» ;
- Qu’il est donc clair que la référence au CFOP ayant (suite aux protestations justes évoquées et acceptées), disparu de la nouvelle et toute dernière version de la loi portant statut de l’opposition politique (au regard de son article 4), l’action de s’inféoder ou de s’affilier au CFOP, s’il n’a jamais (de manière consensuelle) été accepté par tous dans la pratique, n’est plus automatique ni obligatoire pour les partis politiques de l’opposition au Burkina Faso, rendant donc légal et légitime, le fait que les partis politiques qui n’en ont jamais fait partie ou qui l’ont quitté comme l’UNDD et le FPR entendent rester sur leurs lignes et convictions ;
- Qu’en la matière, en affirmant donc publiquement que la loi est claire et que la Constitution du Burkina Faso ne reconnait pas un autre cadre ou organisation de l’opposition autre que le chef de file de l’opposition (propos du CFOP posté le 18 mars 2021 par la rédaction de Burkina 24) est de notre part, soit simple vue de l’esprit aux antipodes de la légalité et de la vérité, soit une volonté manifeste de torde le cou de notre Constitution en affirmant ce qu’elle ne dispose pas, soit une méconnaissance des textes par certains leaders politiques puisqu’il est indiscutable pour ceux qui la connaissent, que notre Constitution en aucun de ses articles, ne dispose sur le CFOP, son cadre de concertation ou tout autre regroupement de l’opposition ou de la majorité;
- Que le fait, de la part du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATDC), d’adresser directement des correspondances à certains partis politiques (en l’occurrence au FPR et à l’UNDD) au simple regard de leurs déclarations d’appartenances (sur leurs bords politiques) parce qu’ils ont juste précisé sincèrement et honnêtement qu’ils ne sont pas affiliés au CFOP dans le respect des textes, est perçu de notre part comme une tentative flagrante d’intimidation politique, une persécution douce, un déni de démocratie au sein de notre pays ;
- Qu’en rapport avec ces correspondances du Ministre (MATDC) à notre endroit, nous sommes fondé à nous demander si le CFOP est brusquement devenu un démembrement du ministère (MATDC) ou bien quel intérêt aurait un ministre à vouloir que tous les partis de l’opposition politique fasse parti du CFOP ? ou cela est-il une intention déguisé de vouloir contrôler toute une opposition à travers une seule personne (le CFOP) ?
- Que la vie du CFOP, depuis ses origines tumultueuses jusqu’à récemment, démontre clairement le type d’opposition que l’on voudrait fortifier dans notre démocratie sans oublier le fait que, l’histoire récente de notre pays prouve également à souhait, la possibilité d’une manœuvre politique de récupération de l’opposition et comment certains anciens CFOP sont subitement devenu membres partisans et défenseurs de la majorité dirigeante en place ;
Nous déclarons donc publiquement et sur la base de ce qui précède, que si nous ne prenions tous garde, nous évoluerons progressivement vers l’installation insidieuse d’un bipartisme imposé dont les deux entités visibles seront constituées d’une majorité et d’une opposition complice, contrairement à la Constitution qui reconnait en son article 13, l’indépendance et la liberté de constitution des partis politiques.
Dans une manœuvre progressiste et continue, s’il venait à mettre officieusement sous sa houlette, un chef de file de l’opposition dont le principal rôle sera de contenir l’opposition à son profit, alors nous assisterons sans ambages à l’effectivité d’un rouleau compresseur politique qui écrasera tout sur son passage sans aucune possibilité de contradictions constructives dans notre pays.
Nous croyons à la justice, particulièrement à la justice sociale et notre conviction est qu’elle doit constituer un véritable tremplin pour le développement de notre cher pays. Nous affirmons à nouveau sans détour, qu’un régime civil qui se déclare publiquement démocratique doit aussi accepter les règles qu’impose la démocratie à savoir le respect des libertés politiques ainsi que des droits humains en conjonction avec l’effectivité d’un système réel de contre-pouvoir au profit de la nation.
Sur la base donc des faits ci-dessus évoqués, il ne serait aucunement de trop, de s’interroger publiquement si une administration publique à travers des correspondances adressées à certains opposants au regard de leurs simples affirmations publiques de ne pas s’affilier au CFOP, ne s’érige pas en porte-voix du CFOP ? Ou ne décide-t-elle pas de le (CFOP) défendre indirectement et subtilement en vue de le rendre fort à son profit ? Au point de vouloir que toute l’opposition se range donc derrière lui (CFOP).
Autant d’interrogations légitimes dont la probabilité d’une réponse affirmative donne froid au dos avec ces manœuvres, de dévitalisation et de colonisation de l’opposition, accompagnée de la bénédiction sans équivoque de certains leaders dit de l’opposition mais qui, dans la pratique s’opposent la journée mais partage la table du pouvoir la nuit.
Tout en reconnaissant également qu’au regard de son pouvoir discrétionnaire, l’administration a pleinement le droit de discuter avec qui elle souhaite ; cependant, elle n’a pas le droit de persécuter qui que ce soit au regard de sa son choix politique respectueux des lois.
Pour notre part, nous refusons publiquement une quelconque affiliation au CFOP qui pourrait mettre en péril l’opposition et nous nous assumons dans ce sens parce que nous croyons fermement que chaque entité doit rester indépendante dans son rôle républicain.
A présent, en nous adressant spécifiquement aux populations qui souffrent entre autre du chômage couplée à une absence de perspective d’avenir pour la majorité d’entre elles, du désagrègement du système éducatif, d’une couverture sanitaire loin des attentes, de l’insécurité quasi permanente ; nous leurs disons qu’au lieu de rester passif par rapport à la question politique en général ou de se laisser duper facilement par des billets de banque à certains moments et souffrir pendant d’autres moments, il est grand temps de porter un regard analytique sur le milieu politique afin de savoir réellement qui fait quoi ? Qui prône quoi et pourquoi ? Qui est impliqué dans quoi ?
C’est seulement au prix de l’intérêt porté sur l’Etat, les libertés publiques et démocratiques, les conditions réelles de la concurrence politique, qu’il sera possible de confier votre confiance à des leaders qui le méritent vraiment et qui seront capable de conduire le pays tout entier vers un présent et un devenir meilleur pour tous. A défaut, en restant dans cette passivité improductive, cela fera de nous, des complices de ces captieuses entreprises de sabordination des acquis démocratiques, de l’opposition véritable et du droit à la différence.
En démocratie, l’éveil, la veille citoyenne et l’engagement constant du peuple pour la gestion du bien public sont incontestablement des facteurs déterminants pour le développement et la stabilité d’un pays. C’est en cela que constitue d’une part, notre ardent souhait de voir notre peuple s’impliqué avec discernement et d’autre part, le socle de nos profondes convictions politiques à savoir le respect des droits et le bien-être de tous les Burkinabè sans distinction aucune.
Fait à Ouagadougou le vendredi 02 avril 2021
Ont signé :
Pour l’UNDD : Me Herman YAMEOGO
Pour le FPR : Dr Aristide OUEDRAOGO