Il s’est tenu du 22 au 24 octobre 2024 à l’hôtel Pacific de Ouagadougou, un atelier régional sur la coopération et la diplomatie pour le développement des industries culturelles en Afrique. Le thème central était : « Coopération et diplomatie pour le développement des industries culturelles et créatives et la mise en œuvre de la convention 2005 en Afrique ».
Organisé par le Centre Régional pour les Arts Vivants en Afrique (CERAV/Afrique) en collaboration avec les institutions culturelles africaines et internationales, cet atelier a été un succès selon ses organisateurs. Il a connu la participation d’une trentaine d’experts de la culture venant d’Afrique et d’Europe, précisément du Burkina Faso, de la RDC, du Mozambique, du Maroc, du Sénégal, du Burundi, du Djibouti et de la France.
Durant trois jours, les participants ont fait des communications et discuté sur le thème, avant d’élaborer une liste de recommandations et de résolutions.
Ainsi, le professeur Yacouba Zerbo, enseignant-chercheur en relations internationales à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, a noté que la coopération culturelle en Afrique a connu un certain dynamisme, tant dans sa dimension bilatérale que multilatérale, depuis la reconnaissance de la culture comme un secteur important dans les stratégies de développement, l’adoption de certains instruments normatifs telle que la Convention 2005, la prise de conscience de la nécessité de la préservation de la diversité culturelle.
Des situations anciennes et nouvelles ont été constatées au niveau bilatéral, international et multilatéral, avec l’existence des commissions mixtes, des communautés culturelles linguistiques des Nations Unies et leurs agences spécialisées avec, en-tête, l’UNESCO.
Au Burkina Faso, a souligné Pr Zerbo, le FESPACO est un instrument de coopération et de diplomatie culturelle. Il permet de renforcer les échanges culturels entre pays africains et avec le reste du monde. Il joue par ailleurs un rôle crucial dans la promotion du cinéma africain à l’échelle mondiale, et attire des investissements internationaux dans les industries cinématographiques africaines à travers les subventions et appuis, la coopération bilatérale et multilatérale, les sponsors nationaux et internationaux.
La culture africaine est très capitale dans un monde, aujourd’hui bouleversé par des crises sociaux et géopolitiques. Dans cet ordre d’idées, Madame Marie-Laure Yaoné, représentante de la RDC, a affirmé que la culture relie les peuples. Il est important de mettre en avant ce volet qui est un véritable vecteur de paix et de cohésion sociale, a laissé entendre Madame Yaoné. Elle a ajouté que dans le contexte actuel où partout dans le monde il existe des conflits armés, la culture est un canal d’apaisement des tensions et une arme redoutable pour combattre les inégalités.
Au terme de l’atelier, les participants ont adopté des résolutions et des recommandations.
Au titre des résolutions, le CERAV/Afrique s’est engagé à :
- encourager et accompagner la prise en compte des Industries Culturelles et Créatives (ICC) comme moteur de développement dans les politiques et stratégies africaines de développement culturel ;
- renforcer les partenariats publics entre les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé pour financer et promouvoir les ICC.
Comme recommandation, les participants ont demandé aux Etats africains :
- d’encourager la désignation d’attachés culturels qualifiés au niveau des ambassades et représentations diplomatiques pour mieux promouvoir les ICC ;
- d’adhérer massivement au CERAV/Afrique ;
- de faciliter l’accès au financement pour le développement des ICC par le biais de mécanismes innovants et pratiques ;
- d’encourager les institutions de recherche et de formation à adopter des technologies numériques pour la production, la diffusion et la promotion des œuvres culturelles, tout en veillant à l’accès équitable aux infrastructures numériques et à la prise en compte des questions éthiques.
Aux acteurs culturels, les participants ont demandé :
- d’encourager l’intégration des pratiques durables dans les processus de création et de distribution des produits culturels ;
- de mettre en place des mécanismes d’évaluation pour mesurer l’impact des politiques et des initiatives en faveur des ICC et ajuster les stratégies en conséquence ;
- d’encourager les États à prendre en compte des aspirations des villes et des communautés locales en matière de coopération et diplomatie culturelle.
Au CERAV/Afrique, les participants à l’atelier ont recommandé :
- la poursuite de son ancrage dans les pays africains en insistant sur la diversité linguistique, géographique et institutionnelle ;
- l’exploration des pistes de collaboration avec les universités et institutions de formation dans le domaine de la diplomatie culturelle.
Enfin, les participants ont encouragé les pays et organisations extra-africains désireux d’entrer en partenariat avec l’Afrique, à s’engager dans une coopération respectueuse des valeurs culturelles africaines.