Emmanuel Macron salue « une étape historique » dans les relations françaises avec la Guinée-Bissau

Le Président français a salué, ce jeudi, « une étape historique » dans les relations françaises avec la Guinée-Bissau.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue bissao-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, Emmanuel Macron a déclaré être « extrêmement honoré d’être le premier Président français à être reçu ici à Bissau », soulignant que « cette visite témoigne de l’attachement de la France à l’Afrique et à la Guinée-Bissau ».

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Emmanuel Macron a tenu à « féliciter le président [Umaro Sissoco Embalo] pour son élection à la présidence de la Cédéao […] dans un contexte inédit que vous venez de rappeler : celui d’un défi sécuritaire pour toute l’Afrique de l’Ouest, avec une extension du terrorisme, avec un défi pour la stabilité politique et la multiplication de coups d’État dans plusieurs pays ».

– Le défi de la stabilité sécuritaire et politique dans la sous-région

Soulignant que la France et la Guinée-Bissau ont « un agenda bilatéral, » le chef d’État français et son homologue bissao-guinéen ont également parlé de la situation au Mali, au Burkina Faso et en Guinée-Conakry, qui ont subi des coups d’État au cours des deux années passées.

« Nous avons longuement évoqué le risque de déstabilisation que la situation au Sahel fait porter sur l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest et j’ai réitéré au Président, la détermination de la France, d’abord à rester engagée au Sahel et dans toute la région, mais aussi à changer sa doctrine et les modalités » de son action dans la région, a déclaré le Président français.

Il a précisé que cela se ferait à travers, d’une part, « un soutien aux armées (formation, équipement, accompagnement et non pas en substitution, en quelque sorte, à celles-ci), mais d’autre part pour insister sur le fait que la stratégie qui seule peut être efficace face à la multiplication des groupes terroristes, c’est un agenda de sécurité au service des États, mais complétée par un agenda politique de retour de l’État et de ses services dans les territoires libérés des groupes terroristes.

Emmanuel Macron a également souligné la nécessité de compléter celle-ci par « un agenda de développement, de projets, de créations d’opportunités éducatives et économiques pour les populations » et une « synergie entre nos stratégies politiques, sécuritaires et de développement, qui, seule, peut être efficace face au fléau du terrorisme ».

– Un sommet de la Cédéao pour lutter contre les défis sécuritaires et politiques

Le président français a poursuivi son discours en signalant la volonté de son pays de participer à un prochain sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), alors que le Président bissao-guinéen a pris la présidence tournante de l’organisation sous-régionale au début du mois de juillet.

Félicitant son homologue Umaro Sissoco Embalo pour son élection à la tête de la Cédéao, Emmanuel Macron a déclaré que « dans ce contexte, le président [Embalo] a évoqué son intention d’organiser dans les prochaines semaines, les prochains mois, un sommet de la Cédéao, auquel il souhaitait convier la France ».

Le chef d’État français a fait état de la « disponibilité et volonté » de son pays à « coopérer » pour « bâtir cet agenda commun face aux groupes terroristes ».

– Exactions des milices de Wagner

Le Président français a également évoqué les miliciens de la société privée russe de sécurité « Wagner » et fait état de ses « inquiétudes sur l’amplification des violences contre les populations civiles au Sahel, et plus largement maintenant dans toute la sous-région [ouest-africaine] », faisant référence aux « exactions commises par les mercenaires déployés au Mali et dont les agissements sont désormais documentés par les rapports des Nations unies ».

Outre sa dénonciation des exactions des mercenaires de la compagnie russe Wagner, Emmanuel Macron a également condamné « les violences systématiques, sous couvert de lutte contre le terrorisme, ciblant le peuple peul » et souligné la « responsabilité des États de la région pour sanctionner les coupables et exercer leur vigilance » afin « d’enrayer cet engrenage qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région ».

Le Président a jouté que l’ensemble des défis auxquels est confrontée la sous-région Sahel-Afrique de l’Ouest témoigne de « la complexité de cet agenda » commun aux pays de la sous-région et de « la nécessité d’agir ensemble ».

– Relations bilatérales avec la Guinée-Bissau

Sur le plan de la « coopération bilatérale » avec la Guinée-Bissau, Emmanuel Macron a tenu à « réitérer la condamnation ferme de la France, de la tentative de coup d’État de février dernier et saluer les efforts qui ont été faits sur la voie de la stabilité » dans le petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest.

Le chef d’État français a également exprimé « tout mon soutien au Président et à son gouvernement dans la lutte contre le narcotrafic et toute forme de trafic qui déstabilise le pays ».

Il a poursuivi son discours en soulignant que « la France poursuit son soutien à l’économie de votre pays dans un contexte lourdement impacté par la pandémie de covid-19 et aggravé par la guerre en Ukraine », précisant « qu’une aide budgétaire globale de 1,5 million d’euros » a été accordée par la France en 2021 et qu’une « nouvelle aide budgétaire pour contribuer à la stabilité du pays, à très court terme, d’au moins 3 millions d’euros, » sera prochainement débloquée.

Emmanuel Macron a, par ailleurs, exprimé la volonté de son pays de « financer un projet dans le domaine de l’agriculture d’un montant d’1,5 million d’euros pour la formation d’une quinzaine de jeunes agronomes, dont 10 femmes, à l’École d’agronomie de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire ».

Le Président français a également déclaré vouloir « poursuivre cette démarche originale par le renforcement de la coopération entre nos deux pays dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentaire, pour aider à accroître la production […] en particulier celle du riz ».

– L’ouverture d’une école française en Guinée-Bissau

Saluant « la place de la langue française en Guinée-Bissau comme en témoigne le nombre croissant de francophones », il a fait état de la volonté de la France « d’accompagner cette dynamique avec l’ouverture prochaine d’une école française » à la rentrée 2023, à travers « la mobilisation d’investisseurs privés issus de la sous-région ».

Emmanuel Macron a également indiqué être parvenu à une compréhension mutuelle avec son homologue bissao-guinéen pour « renforcer la coopération bilatérale sur le plan de la défense dans les domaines de l’équipement, de la lutte contre la piraterie maritime et la pêche illicite et de la formation des cadres militaires ».

Enfin, le Président français a annoncé la mise en place d’un projet à travers l’Agence française pour le développement (AFD) pour la « rénovation des salles omnisports de Guinée-Bissau » qui faciliterait l’accès au sport pour 15 000 jeunes Bissao-guinéens.

Le chef d’État français a, ainsi, achevé sa tournée en Afrique de l’Ouest, après ses visites au Cameroun lundi et au Bénin mercredi, avant son retour à Paris, où il accueillera le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salmane, à l’Élysée.

Agence Anadolu