La RDC met fin à toute coopération avec le Rwanda

Le gouvernement congolais a rappelé tous ses diplomates en poste au Rwanda, marquant la fin de toute forme de coopération avec son voisin accusé de soutenir les rebelles du M23 (mouvement du 23 mars), accusation rejetée par Kigali.

“Par conséquent, le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de la Francophonie demande aux autorités rwandaises compétentes de tirer toutes les conséquences de cette décision en cessant, dans un délai de 48 heures, toutes les activités diplomatiques et consulaires de l’Ambassade de la République du Rwanda à Kinshasa”, a écrit la cheffe de la diplomatie congolaise dans une note verbale destinée aux autorités rwandaises et dont Anadolu a obtenu copie.

Cette décision intervient plus de deux ans après que Kinshasa ait expulsé l’ambassadeur rwandais, au plus fort de l’escalade entre les deux capitales sur l’appui rwandais aux rebelles du M23. Ces derniers exigent un dialogue direct avec le gouvernement congolais qu’ils accusent de ne pas respecter les accords de paix conclus en 2013.

Le mouvement rebelle qui s’est emparé de plusieurs localités et cités dans la province du Nord – Kivu a lancé des offensives ciblant des entités proches de la ville de Goma dont la localité de Saké.

Six casques bleus et 7 soldats sud – africains membres des troupes de la SADC (communauté de développement des pays d’Afrique australe) ont été tués en deux jours, jeudi et vendredi, lors des violents combats avec les rebelles du M23.

Le gouverneur militaire du Nord – Kivu, le général major Peter Cirimwami a été tué lors d’une inspection des troupes sur la ligne de front à une dizaine de kilomètres de Goma.

Le général major a été “abattu” par des “snipers rwandais”, a déclaré samedi lors d’une conférence de presse, le porte-parole de l’armée congolaise, le général Sylvain Ekenge.

Le Conseil de sécurité a convoqué une réunion d’urgence lundi pour tabler sur la problématique.

L’Organisation des Nations Unies a annoncé dans un communiqué relocaliser temporairement son personnel non essentiel de Goma “tels que le personnel administratif” en réponse à la “détérioration de la situation sécuritaire” au Nord-Kivu.

“Cette mesure vise à garantir la sécurité du personnel tout en maintenant les opérations essentielles de l’ONU dans la province”, a expliqué l’Onu.

L’union africaine (UA) a appelé à la “cessation immédiate” des hostilités entre l’armée congolaise et le M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Le M23 a annoncé vouloir marcher sur la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord – Kivu. La situation humanitaire est alarmante avec de nouveaux déplacés qui se sont ajoutés aux 600 000 qui existaient déjà en plus de près de deux millions d’habitants, d’après le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu.

Pour l’heure, Kigali n’a pas réagi à la décision de Kinshasa.

Dans une interview exclusive accordée à la chaîne Africa 24, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, avait déclaré que ‘’La question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda parce que la RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda)’’.

Le chef de la diplomatie rwandaise estime que ‘’Toute cette coalition est animée par une idéologie du génocide qui a été apportée par les FDLR, mais aussi par un sentiment, une volonté et même une obsession de changement de régime, comme l’atteste les nombreuses déclarations du président Tshisekedi, qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite renverser le gouvernement au Rwanda’’.

Le mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe armé actif en République démocratique du Congo. Il a été créé en mai 2012 par des officiers des forces armées de la République démocratique du Congo, entrés en rébellion contre le gouvernement congolais. Les tensions ont pris une tournure plus dramatique depuis 2022 avec le Rwanda, accusé de soutenir ce mouvement. Des accusations que conteste le gouvernement rwandais, estimant qu’il s’agit d’un problème entre Congolais et qui doit se régler par une démarche inclusive.

Agence Anadolu