Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, s’est entretenu au téléphone vendredi 21 février avec le président kenyan William Ruto à propos de la crise qui touche l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les deux responsables ont discuté de ‘’la prise inacceptable de Goma et de Bukavu par le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda’’, indique un communiqué de la diplomatie américaine repris par VOA Africa.
Marco Rubio et William Ruto ont indiqué lors de cet entretien téléphonique qu’’’il n’y avait pas de solution militaire au conflit’’, appelant ’’à un cessez-le-feu immédiat’’.
Le secrétaire d’État américain et le président kenyan ont réaffirmé leur engagement à faire pression pour résoudre la crise par la voie diplomatique.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, William Ruto a souligné l’importance du processus mené par les blocs régionaux de la Communauté d’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement d’Afrique australe pour désamorcer les tensions et faire avancer les pourparlers de paix.
L’entretien téléphonique de vendredi était le deuxième effectué cette semaine par le chef de la diplomatie américaine avec un responsable africain au sujet de la crise dans l’est de la RDC. Mercredi, Marco Rubio s’était entretenu avec son homologue angolais, Tete Antonio, au sujet du processus de Luanda, qui vise à faciliter le dialogue entre le Rwanda et la RDC.
Les insurgés du Mouvement du 23 Mars (M23) ont pris le contrôle des villes stratégiques de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu capitale provinciale du Sud-Kivu, après une offensive éclair dans l’est de la RDC.
Le Rwanda dément les allégations de Kinshasa et de l’Onu selon lesquelles il soutiendrait le M23 en lui fournissant armes et troupes.
‘’Si nos informations sont correctes [le M23] continue d’avancer vers d’autres zones stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu’’, avait déclaré Huang Xia, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs, devant le Conseil de sécurité, mercredi 19 février, soulignant le risque d’un embrasement régional.
Les États-Unis ont annoncé, jeudi 20 février, des sanctions contre le ministre rwandais chargé de l’intégration régionale, James Kabarebe, ainsi que contre Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23. Tous deux sont accusés d’être impliqués dans la violence et les violations des droits de l’homme dans l’est de la RDC.
Sanctions jugées ‘’injustifiées’’ et ‘’infondées’’ par Kigali qui estime que ces mesures ne peuvent permettre la résolution du conflit dans l’est de la RDC.
Les Etats-Unis ont également appelé Kigali à mettre fin à son soutien au M23 et à retirer ses troupes du territoire congolais, tout en insistant sur un retour à la table des négociations dans le cadre du processus de Luanda, dirigé par l’Angola, afin de résoudre le conflit.
Des milliers de morts ont été enregistrés depuis le début de l’offensive rebelle déclenchée fin janvier, selon l’Onu.
Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
Agence Anadolu
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