[Récit]Il y a 34 ans, Ben Ali renversait Bourguiba… La nuit la plus longue*

Le 7 novembre 1987 restera une date capitale dans l’histoire de la Tunisie post-coloniale. Elle marque la fin du règne de Habib Bourguiba, affublé depuis le 20 mars1956, date de la fin du protectorat français, de “leader”, de “combattant suprême”, de “bâtisseur de la nation”, d'”artisan de l’indépendance”… et que la Chambre des députés qui était entièrement acquise à son Parti socialiste destourien (PSD), avait institué, dans les années 70, président à vie de la République.

Accolade, le 26 octobre 1986, entre A. Ghouma et Ben Ali, encore 1er ministre

Beaucoup d’encre a coulé à propos de cet événement, “impossible” pour le commun des Tunisiens, “prévisible” pour quelques visionnaires. Les mémoires auto-biographiques, les témoignages et les commentaires se rejoignent parfois, se télescopent souvent et divergent la plupart du temps lorsqu’il s’agit de détails précis et difficiles à vérifier, surtout qu’ils viennent tous après le départ de la Tunisie du premier concerné, à savoir Zine el Abidine Ben Ali, astreint au silence par les règles de l’hospitalité que lui ont offerte les autorités saoudiennes, puis par celles, radicales et définitives, de la mort.

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Le 8 novembre 1987. Poignée de main entre le président Ben Ali et son “Amin”, au palais la Kasbah après la séance de photos présidentielles officielles

Aussi 34 après, avons-nous essayé de reconstituer ce qui a entouré le “Changement” pour les uns ou le “coup d’Etat” pour les autres, particulièrement la nuit du 6 au 7 novembre 1987 et ce, par des recoupements et grâce à un long entretien avec l’homme de confiance de Ben Ali, qu’il a élevé en coordinateur et en chargé de mission dans son Cabinet au ministère de l’Intérieur, puis au premier ministère et enfin au Palais de Carthage, M. Abdelkérim Ghouma.

Ce dernier, dont des personnalités répondent de la crédibilité et auprès de qui nous avons été recommandé par M. Abdelkérim Zbidi, ex-ministre de la Défense et candidat à la présidentielle de 2019, était surnommé par Ben Ali “el amin” (approximatif : l’honnête ou le fidèle). Et “amin”, il l’aura été jusqu’au bout, puisqu’il est parmi les rares qui lui ont rendu visite à Jeddah et qui l’ont accompagné, avec les siens, à sa dernière demeure. Rien d’étonnant à ce qu’il ait assisté à la naissance du “projet” et pris part à son évolution, jusqu’à sa concrétisation. Mais avant de lui céder la parole, adressons le décor.

– Cherchez la femme ou les erreurs de Bourguiba

Longtemps et bien avant leur mariage, Wassila Ben Ammar était la conseillère de Bourguiba, celle qui tempérait ses tendances à l’emportement, qui lui rapportait, dans la forme qui ne l’indisposait pas trop, ce qu’on n’osait pas lui répéter, qui arrondissait les angles, même avec des chefs d’Etat qu’il n’appréciait pas trop, comme Haouari Boumediene, le Président algérien. Fille d’avocat et issue d’une famille de la petite bourgeoisie, elle était à la fois sociable, pas trop mondaine, mais terriblement perspicace, en politique et en nature humaine. C’est elle, par exemple, qui poussera Bourguiba à donner asile aux Palestiniens et à l’OLP de Yasser Arafat, après leur sortie du Liban, redorant ainsi le blason terni de son mari, auprès du monde arabe. Et si elle plaçait des fidèles à elle dans des postes clefs, c’était pour protéger Bourguiba et son régime, par lesquels elle tenait. Elle veillait aussi à éloigner son mari des influences familiales, notamment celle de Saïda Sassi, sa nièce qu’il affectionnait particulièrement et que Wassila avait réussi à évincer du palais.

Mais voilà qu’avec les émeutes de 1984, suite à la hausse du prix du pain, la montée du mouvement islamiste, Bourguiba dont l’état de santé, physique et mentale, se dégradait, commençait à se rebeller contre elle et ses “alliés”, les tenant pour responsables, du moins en partie, de la situation. Il fera même revenir au “sérail”, la nièce qu’elle ne supporte pas. Wassila boude et se rend à l’étranger, croyant qu’il ne tarderait pas à la rappeler. Non seulement il ne le fera pas, mais monté à bloc par Saïda Sassi, il demandera et obtiendra vite le divorce, en 1986. La nièce devient la régente de Carthage. Et c’est elle qui, face à la détérioration de la situation, surtout sécuritaire et sociale, que Rachid Sfar, le Premier ministre de l’époque, avait du mal à contenir, poussera son oncle à nommer Zine El Abidine Ben Ali pour lui succéder, au détriment de Mohamed Sayyah, le fidèle parmi les plus fidèles exclusifs au seul Bourguiba. Pour elle, ce général de 51 ans a prouvé qu’il avait de la poigne et il lui serait redevable du service qu’elle lui rendait. Le 2 octobre 1987, Ben Ali devenait Premier ministre. Chose qui n’aurait jamais été si Wassila Bourguiba Ben Ammar avait été encore à Carthage. Pour elle, comme -jusque-là- pour son ex-mari, jamais de militaire ou de policier à la tête des ministères de l’Intérieur ou de la Défense. Que dire d’un général des renseignements militaires qui s’est, de surcroît, aisément converti à de hautes responsabilités policières, à qui on a confié le premier ministère et l’Intérieur ?

– Le coup de canne de Bourguiba

Les bombes artisanales qui avaient simultanément éclaté, le 2 août 1987, dans des hôtels de Sousse et Monastir (côte est de la Tunisie), blessant de nombreux touristes, sont restées au travers de la gorge de Bourguiba. Malgré un procès hâtif et des condamnations à mort, le 27 du même mois, de plusieurs dirigeants islamistes dont Hamadi Jebali et Ali Laârayedh, il digérait mal que Rached Ghannouchi dont il voulait la tête, n’ait écopé que de la perpétuité, ce dont il aurait voulu à Rachid Sfar. Aussi, en nommant Ben Ali, moins d’une semaine après le verdict, pour lui succéder en tant que Premier ministre, lui a-t-il ordonné de faire rejuger Ghannouchi pour qu’il soit condamné à mort. Ben Ali qui n’était d’accord, craignant de mettre le feu aux poudres, laissait traîner les choses, en mettant diplomatiquement le Président sur d’autres sentiers. Ce qui n’empêchait pas ce dernier de revenir à la charge et de piquer des crises de colère, dans ses moments d’éveil, quand il se rappelait le sujet, prenant Saïda Sassi pour souffre-douleur, étant à l’origine de la nomination de ce Premier ministre qui “louvoie dans l’application des consignes”. Le 25 octobre, après une sieste perturbée, il se réveille dans une rage folle, focalisant sur l’affaire Ghannouchi. Ne se contentant pas d’invectiver sa nièce et de lui crier “dès demain, je vire ton Ben Ali et je mets à la place Sayyeh”, il lève sa canne et la frappe sérieusement sur la tête, manquant de peu son œil.

– Le ver dans le fruit

Plus urgent que sa blessure qui nécessitait soins, c’était la décision de Bourguiba qui faisait le plus peur. Saïda Sassi prendra sa voiture, une écharpe sur la tête, et se dirigera vers le ministère de l’Intérieur, où Ben Ali se trouve les après-midi. Abdelkérim Ghouma qui entretient de très bons rapports avec elle, la reçoit dans son bureau qu’il a conservé au ministère et l’informe que le Premier ministre se trouve chez lui, rue Brunet du côté du Belvédère, avant de l’y accompagner. Elle informe ainsi Ben Ali des intentions de son oncle et lui conseille de ne pas le contrarier lors de l’audience, prévue le lendemain et d’acquiescer à tout ce qu’il dirait, avant de partir voir un médecin.

Etaient chez Ben Ali, son cousin et homme d’affaires Kamel Letaïef, Mohamed Chokri, un proche collaborateur de Ben Ali à qui il a donné le grade et les avantages, sans la fonction de gouverneur, Hédi Baccouche, ministre des Affaires sociales, à l’époque et Abdlkérim Ghouma. Tous discutent de ce qui pouvait arriver le lendemain. Ben Ali veut préparer sa démission, alors que tous les autres, à l’exception de Baccouche, se joignent à ce qu’a dit Saïda Sassi. Une fois les autres partis et qu’il reste seul avec Ghouma, il téléphone vers minuit et demi, à son ami Habib Ammar, Commandant de la Garde nationale, qui habite tout près, à la villa “al ward” (les roses), derrière l’Institut Pasteur au Belvédère. Dès qu’il arrive et qu’il est mis au courant, il dissuade Ben Ali concernant son idée de démission et prononcé sa fameuse phrase “j’y suis, j’y reste”. Mais si Bourguiba réserve le lendemain, un accueil des plus chaleureux à son Premier ministre, oubliant totalement l’affaire Ghannouchi, il ignorait qu’il avait déjà mis le ver dans le fruit.

“Nous savions que Bourguiba était capable de revirement, à n’importe quel moment et que la pendaison de Ghannouchi resterait sa fixation, même si cela allait entraîner le pays dans une grave déstabilisation et peut-être même dans un bain de sang”, dit Abdelkérim Ghouma, en précisant que le projet de la nécessité de la mise à l’écart du Président n’existait pas encore en tant que telle dans l’esprit de Ben Ali ou de ses collaborateurs proches.

– Un complot en cache un autre

Si les services de l’Intérieur savaient que le mouvement islamiste avait infiltré les forces armées et de sécurité, ainsi que la Douane, ils ne détenaient pas la liste de tous les impliqués et ne connaissaient pas l’ampleur de cette infiltration ni des opérations en cours. Rares étaient, également, ceux qui étaient au courant que Ben Ali avait, depuis un bon bout de temps, noyauté le mouvement. Et puis voilà qu’une des taupes lui apporte le 2 ou le 3 novembre, avec force détails, le plan d’un coup d’Etat, projeté pour le 8 du même mois, à l’occasion de la Fête de l’arbre. Il lui est aussi révélé que l’assassinat de Bourguiba aurait lieu, lors de la célébration de la Fête, par un tireur d’élite, à partir d’un hélicoptère. De nombreuses arrestations s’ensuivent entre le 3 et le 4 novembre. Et c’est là où l’idée de profiter de l’agitation pour précéder la tentative de coup d’Etat du 8, a pris forme. C’est que la situation permettait le recours à des mesures et à des corps sécuritaires particuliers.

Bourguiba a été écarté, quelques heures plus tôt, sans qu’il ne le sût encore. Le “7 novembre” vient de naître. On reconnaît Habib Ammar à droite de Ben Ali et Mohsen Abbès, gouverneur de Tunis à sa gauche. Abdelkérim Ghouma est à l’extrême gauche de la photo, prise au bout d’une longue nuit, à la sortie du ministère de l’Intérieur.

C’est ainsi que Ben Ali et Habib Ammar ont convenu de la date et des forces à utiliser. “Que les forces d’élite de la Garde nationale pour les points stratégiques. Pas de police, mais des agents de l’ordre public qui seront positionnés, comme pour des opérations de routine, justifiées par le risque d’actes terroristes”, explique notre interlocuteur, qui a été chargé de se faire livrer dès le 4, par Ibrahim Khouaja, ministre de la Poste et des communications, un plan détaillé du réseau téléphonique de la banlieue nord. Le ministre qui pensait qu’il s’agissait d’une opération de sécurité limitée, mettra à la disposition de Ghouma, deux jours plus tard, un ingénieur du nom de Abeljélil qiddiss. Le branle-bas était perceptible, mais tout le monde était au courant des arrestations et d’un complot qu’on essaie de déjouer. Les près de 80 arrestations, effectuées le 6 novembre, ne font que cacher davantage ce qui se prépare vraiment.

La veille, tard le soir, Ben Ali donnait rendez-vous à Habib Ammar à la Soukra, dans la villa qu’habitait Leïla Trabelsi, la future Mme. Ben Ali, pour mettre au point les derniers détails de l’opération. Le Commandant de la Garde nationale sera étonné de trouver Abdelkérim Ghouma et de découvrir qu’il était dans tout ce qui a été mené. Le Premier ministre lui dira qu’il en répond et qu’il le surnomme l”amin”.

Le lendemain matin, Ben Ali passe la matinée à vaquer à ses activités habituelles, dans son bureau au premier ministère à la Kasbah. En début d’après-midi, il se dirige avec Abdelkérim Ghouma au ministère de l’Intérieur où commence l’exécution du projet, toujours sous le couvert de faire face à un complot. Ordre est ainsi donné à Chedly Naffati qui chapeautait les collectivités régionales et locales, pour que tous les gouverneurs et les délégués se tiennent en stand-by dans leurs bureaux et attendent les consignes.

– L’épilogue

Vers 19 heures, A. Ghouma se déplace à la Caserne de la direction des brigades de l’ordre public. Le directeur, Abdelfattah Jarraya, étonné qu’il lui demande deux pick-up avec des unités, appelle son ministre (Ben Ali), avant d’obtempérer. Les deux véhicules prennent la direction d’El Ouardia, un faubourg au nord de Tunis, où réside le vieillissant mais toujours alerte et efficace Béchir Zarg Laâyoun, un inconditionnel de Bourguiba, chef des résistants et capable d’ameuter des milices en nombre conséquent. Ghouma qui le connaît, frappe à sa porte, après avoir fait couper sa ligne téléphonique, pour l’informer que, par mesure de sécurité et vu la situation, on devait boucler le quartier. Méfiant et voulant vérifier, il découvrait que son appareil est hors service. Qu’à cela ne tienne, dès le lendemain, il sera arrangé. Mais le quartier est bouclé. A-t-il compris que lui aussi l’était, mais chez lui?

Retour au ministère de l’Intérieur. Ben Ali qui ne voulait pas que les Tunisiens et, surtout, le monde le traitent de putschiste, désirait recourir à la “légalité constitutionnelle” qui stipule qu’en cas de vacance, pour incapacité, le Premier ministre assure l’intérim de la présidence, jusqu’aux prochaines élections. C’est ainsi que Dr. Souad Yaâkoubi Wahchi, ministre de la Santé, a convoqué les Professeurs Mohamed Gueddich, Mohamed Ben Smaïl, Sadok Wahchi, Abdelaziz Annabi et Ezzeddine Gueddich, pour qu’il établissent un certificat où ils attestent, en gros, que Bourguiba est devenu sénile et qu’il n’est plus capable d’assumer ses responsabilités de président. Réunis dans un bureau, tous signeront, y compris la ministre, sauf Ezzeddine Gueddich qui tenait au principe de l’auscultation immédiate, alors qu’il connaissait son état, puisqu’il était parmi ses médecins traitants. On allait se passer de sa signature. Les premiers qui prendront connaissance de ce certificat, sont Slaheddine Baly, ministre de la Défense, le général Youssef Baraket, le chef d’état-major des armées et Youssef Ben Slimane,, directeur de la sécurité militaire, eux aussi présents dans un autre bureau.

Mais nul ne pouvait rentrer chez lui, ordre ayant été donné que qui est autorisé à entrer au ministère ne devait plus en sortir.

Pour l’anecdote, Kamel Haj Sassi, gouverneur de l’Ariana, assurait la permanence des quatre gouvernorats du Grand Tunis. Remarquant des mouvements insolites dans les rues, il est entré au ministère pour se voir empêché de le quitter. Il a fallu l’autorisation de Ben Ali, pour qu’il le fît. Il sera un certain temps vexé, d’avoir été suivi jusqu’à son bureau à l’Ariana, pour attendre les consignes, comme le reste des 24 gouverneurs.

Deux heures plus tôt, Hédi Baccouche qui était à une réception à l’ambassade de l’Union soviétique (pas encore éclatée), tardait à arriver -la preuve que même lui n’était pas au courant que c’était le grand soir- et Ben Ali a dû lui même le presser, pour qu’il arrivât vers 21h30. Avec Frej Chaïeb, un universitaire qui a été, entre autres, directeur général de l’agence de presse nationale (TAP) et secrétaire général adjoint du PSD, le parti de Bourguiba. A trois, ils ont rédigé le Manifeste du 7 novembre que Ben Ali a enregistré pour qu’il soit diffusé, dès 6h du matin sur les ondes de la radio nationale.

Habib Ammar s’est joint à Ben Ali et Baccouche, pour la formation du gouvernement. Il s’oppose à la désignation de Hamed Karoui comme Premier ministre, sans dire qu’il ne l’apprécie pas, proposant Hédi Baccouche pour ce poste “pour ne pas froisser le grand voisin algérien, où il a été ambassadeur. “Il saura expliquer la nécessité de la mise à l’écart de Bourguiba en catimini”, justifie-t-il. Ben Ali acceptera. Il n’avait peut-être pas le temps de lui demander ce qu’ils devaient faire avec les Américains, les Français, les Italiens ou les Libyens qui eux aussi, n’étaient au courant de rien. Il se rattrapera, environ deux ans plus tard, en les énonçant tous les deux et en nommant Karoui où il l’a voulu, un certain 6 novembre au soir.

Au même moment des équipes de la Garde nationale appréhendent de proches collaborateurs indéfectibles à Bouguiba, pour être emmenés dans une vaste tente, luxueusement équipée, installée à la Caserne de la Garde nationale à l’Aouina, près de l’aéroport Tunis-Carthage. Parmi eux, Mohamed Sayyeh, plusieurs fois ministre et directeur du PSD, Mansour Skhiri, directeur du Cabinet présidentiel, Hédi Attia, PDG, de Tunisair, Mahmoud Charchour et Hassan Kacem, deux cadres du parti. Sayyeh devait être relayé, dès le lendemain, sur intervention personnelle de Craxi auprès du tout récent Président Ben Ali. Habib Bourguiba junior a figuré, par erreur, parmi les interpellés (initiative de Habib Ammar?), mais il a été relâché la nuit même et c’est Abdelkérim Ghouma, lui même, qui l’a ramené chez lui. Mais auparavant, il s’est chargé de couper, avec l’aide de l’ingénieur de la Poste mis à sa disposition, les lignes téléphoniques de toute la banlieue nord, y compris le poteau desservant le palais présidentiel, n’en gardant qu’une seule au Centre de la Marsa, pour téléphoner à son chef et lui dire “mabrouk, monsieur le Président”. Le signal aussi pour Habib Ammar pour se diriger vers le palais, accompagné d’unités d’élite de la Garde nationale et du “réquisitionné” Rafik Chelli, directeur de la direction de la sécurité présidentielle. Une seule sentinelle devant la porte extérieure fera des difficultés pour se faire relever, malgré la présence de son directeur et du Commandant de toute la Garde nationale (Habib Ammar). Mis en joue par un des commandos, il se laissera faire et on découvrira, plus tard, qu’il faisait partie du complot du 8 novembre qui, lui-même, avait été annulé par Salah Karkar, dès les premières arrestations du 3 novembre. Toujours est-il que toute la Garde de Bourguiba a été relevée, sans incident, à part l’hésitation d’un deuxième élément sur la place intérieure du palais, devenu sous le contrôle des forces du nouveau pouvoir, sans besoin d’entrer à l’intérieur et déranger le déjà ex-président. Il ne découvrira son nouveau statut, que le matin, lorsqu’il ne s’écoutera plus déclamer ses “recommandations”, le programme quotidien de la radio nationale. Le Manifeste du 7 novembre lui en fera prendre davantage conscience. Saïda Sassi qui avait ouvert la fenêtre pour houspiller et demander que cessât le bruit de la vedette de la Garde nationale qui patrouillait sous les murs du palais, ne sera jamais tracassée par les gouvernements de Ben Ali. Wassila Ben Ammar non plus. On n’était pas loin de trois heures…

Agence Anadolu