Séminaire international: «Le terrorisme au Burkina Faso : négocier ou pas?»

COMITE SCIENTIFIQUE 

Pr CISSE Issa, Historien, Université Joseph KI-ZERBO ;
Pr BALIMA Serge Théophile, Communicateur, université Joseph KI-ZERBO
Dr SAYDOU Karim, Politiste, université Thomas SANKARA,
Dr BANHORO Yacouba, Historien, université Joseph KI- ZERBO
Pr ATTOH Franca, Sociologue, Université de Lagos (Nigéria)
Dr. KALFELIS Melina, Université de Bayreuth (Allemagne)
Dr OUEDRAOGO, Thomas Centre pour la Gouvernance Démocratique, Ouagadougou

Annonces

Appel à communication

Le Centre d’Excellence Africamultiple de l’Université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou, fruit de la Coopération avec l’Université de Bayreuth (Allemagne), dans le cadre des activités scientifiques des enseignants-chercheurs membres, lance un appel à communication sur : « le terrorisme au Burkina Faso : négocier ou pas ? ».

Au Burkina Faso, la question du terrorisme est pérenne aussi bien dans l’espace public, les institutions qu’en famille. Alex. Schmidt et Berto Jongman en 1988 listaient 109 différentes définitions du terrorisme (Mucchielli, 2010). L’usage de la violence (physique ou verbale), de la peur, le niveau d’organisation et l’idéologie en sont des traits communs. Le terrorisme est protéiforme dans ses motivations (religieuses, idéologiques, politiques, indépendantistes ou purement criminelles) et dans ses espaces d’opération qui sont transnationaux (en tout cas au Sahel). Les frontières entre le terrorisme religieux, le terrorisme politique et celui mafieux restent indéterminées.
La Société des Nations, dans une convention du 16 novembre 1937, à Genève, définissait le terrorisme comme « tout acte criminel dirigé contre un État et destiné à (ou calculé en vue de) créer un état de terreur dans l’esprit d’individus singuliers, d’un groupe d’individus ou de la population en général». Il s’agit d’une définition à caractère politique.
Le gouvernement américain quant à lui, a élargi sa définition du terrorisme en partant du point de vue des cibles et des fins politiques.
Le terrorisme en tant que « violence d’État » apparaît, dans une autre approche politique comme étant le fait des structures officielles (armée, police, services de renseignements…) ou encore de structures parallèles à celles de l’État (escadrons de la mort), (Claisse E. et Co 2018). Le terrorisme met en évidence des rapports de force, des relations politiques de domination et de dépendance qui constituent le contexte structurel de conflits locaux, régionaux ou internationaux. Cette vision repose sur le paradigme des « risques réflexifs » (illustré par Ulrich Beck et Anthony Giddens).
Depuis 2016, le pays compte de nos jours 18 provinces touchées et plus de 1019 incidents répartis sur toute l’étendue du territoire avec une forte concentration dans les régions du Sahel, du Nord, de l’Est, du Centre-Nord et la Boucle du Mouhoun. Le Conseil des Ministres du gouvernement burkinabé a annoncé (jeudi 15 juillet 2021) que 1.312.000 personnes sont des Déplacées Internes (PDI).


Le plus grand massacre de populations à eu lieu le 5 juin 2021 à Solhan avec 132 morts. Il a jeté l’émoi dans tout le pays et a amené le Chef de l’État a effectué un remaniement ministériel à travers lequel lui-même prend le poste de Ministre de la Défense.


La situation est telle que des voix s’élèvent de plus en plus pour soutenir l’idée de négociation avec les acteurs de l’hydre terroriste au Burkina Faso. Des tentatives locales de négociations seraient même déjà en cours tandis que l’État maintient sa posture de non négociation adoptée depuis le début de la crise. Le président du parti au pouvoir à Ouahigouya était sans ambages : « le terrorisme trouvera son tombeau au Burkina Faso ». Ce ton guerrier montre le schisme entre des partisans de la négociation avec les terroristes, en nombre croissant qui se réfèrent à l’incapacité du pays à leur faire face depuis 6 ans et des ‘’anti-négociateurs’’ dont le Gouvernement et certains soutiens célébrant l’esprit patriotique pendant que le tiers du pays est désormais sous contrôle des terroristes.
En 2009, Washington brise un tabou en lançant un processus de contacts informels entre Taliban et Américains qui aboutit en 2020 à la signature d’un accord à Doha, première étape d’un cycle de négociations visant à déterminer les conditions du retrait américain d’Afghanistan. A ce jour, négocier est moins un acte de puissance qu’une échappatoire aux conflits insolubles, Boussel (2021).


Mais en fait, la voie de la négociation embarrasse le Burkina Faso qui l’a toujours officiellement repoussée. Face aux attaques, les autorités burkinabés prônent la riposte militaire. « Nous ne négocierons pas avec ceux qui ont pour projet de démanteler le Burkina Faso et mettre à mal notre vivre-ensemble », avait martelé le Président KABORE pendant la campagne électorale en 2020, alors que plusieurs candidats se disaient favorables à un changement de méthode.

Malgré la fermeté affichée par le politique face aux terroristes, les signes d’une inflexion se multiplient. Des sources évoquent même des « accords » passés localement, rendant ainsi de moins en moins taboue l’option de négocier avec les terroristes.

Ainsi, faut-il négocier ou pas avec les terroristes au Burkina Faso ? La question divise les Burkinabé. Elle mérite d’être mise en perspective dans une posture scientifique pour analyser l’état des lieux, analyser les discours et les pratiques, confronter la situation du Burkina Faso à d’autres expériences du terrorisme.

Le présent appel concerne aussi bien l’expérience des praticiens, l’euristique des chercheurs, que les logiques des militaires et des politiques. Le séminaire débutera par une conférence inaugurale suivie de cinq (05) panels. Peuvent faire acte de candidature, les enseignants, enseignants-chercheurs, doctorants, praticiens de la sécurité, responsables politiques, administratifs, religieux, de projets, d’ONG, d’OING et de la société civile.

La conférence inaugurale :
Elle se déroulera sur 1h30mn et portera sur une thématique générale du séminaire : « Guerres et négociations : pour le meilleur et pour le pire ».

Chaque panel durera trois (3) heures et comportera deux ou trois thématiques d’une durée d’une (1) heure chacune.

Panel 1 : Enjeux et pratiques de la négociation en contexte de terrorisme : le point de vue des diplomates et des politiques ;
Thématiques :
Approche et pratique diplomatique ;
Le point de vue des gouvernants ;
L’entendement de l’opposition politique.

Panel 2 : Typologie des terroristes et hypothèses de négociation au Burkina Faso
Thématiques :
Le point de vue des praticiens (sécurité) ;
Que disent les autorités locales ?
Que disent les auxiliaires de défense ?

Panel 3 : Les conséquences humanitaires du terrorisme et la question de négocier ou pas
Thématiques :
Le point de vue des acteurs de l’humanitaire ;
La contribution des ONG, OING :

  1. Les OSC au rendez-vous

Panel 4 : Terrorisme, négociation et religion
Thématiques :
Les religions de la chrétienté
L’islam ;
L’animisme (les coutumiers) ;

Panel 5 : Terrorisme, négociation : la part du genre
Thématiques :
Jeunesse, terrorisme et négociation ;
La dimension féminine dans le terrorisme et la négociation.
Culture africaine et hypothèses de négociation dans le cas du terrorisme.

Les projets de communication portant 400 mots situant clairement la problématique devront être transmis au plus tard le 28 septembre 2021. Les communications se feront en présentielle et en visioconférence à l’amphi PSUT de l’université Joseph KI-ZERBO.

Les porteurs de projets de communication seront informés de leur validation avant le 15 octobre 2021.
Les actes du colloque seront publiés par le Centre d’excellence Africamultiple de l’Université Joseph KI-ZERBO.
Les communications se dérouleront essentiellement en français.
Les projets de communication peuvent être soumis à l’adresse suivante :

Organisation : Adresse mail : boinhidwende2@gmail.com
+226 60201659 (WhatsApp)
+226 76107665 (WhatsApp)
Date du séminaire :13 au 15 décembre 2021
Lieu : université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou

Coordonnateur : Dr Désiré Boniface SOME

  • 22670266884///+22676107665 (WathsApp) email : bonidesir@gmail.com

NB : Les communications en anglais sont admises