[Tribune de Dr Harouna Kaboré] De Dubaï à l’Afrique : Quand la vision bâtit des miracles

Dans la tribune ci-dessous, Dr Harouna Kaboré, tirant les enseignements de ses séjours à Dubaï, partage son optimisme d’une Afrique rayonnante et attractive.

À chaque fois que je me rends à Dubaï, je ressens une énergie particulière. Ici, tout semble possible. Ce n’est pas juste une ville : c’est un symbole. Un modèle de transformation fulgurante. Un rêve devenu réalité. En moins de 50 ans, cet émirat désertique s’est hissé au rang des plaques tournantes de l’économie mondiale. Pour mon séjour actuel , j’ai encore pris le temps d’échanger avec des observateurs avertis de l’évolution des Émirats Arabes Unis.

Quelques chiffres comme repères

En 1971, Dubaï n’était qu’un port modeste. Aujourd’hui, c’est plus de 110 milliards de dollars de PIB, le premier hub du Moyen-Orient pour le commerce, le tourisme, l’aviation et les nouvelles technologies. La ville accueille plus de 17 millions de touristes par an, possède le plus grand aéroport international du monde par trafic international, et abrite la célèbre Burj Khalifa, plus haute tour jamais construite.

Ce miracle n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’une vision claire, d’une volonté politique ferme, et d’un projet de société audacieux. Une planification rigoureuse. Une capacité à investir sur le long terme, à innover, à croire en l’avenir.

Et pendant ce temps, l’Afrique ?

Notre continent, riche en ressources, en histoire, en talents, reste trop souvent à la traîne dans certains de ses pays . Pourtant, nous représentons plus de 1,4 milliard d’habitants, dont 60 % ont moins de 25 ans. Un véritable réservoir d’innovation, d’énergie, de créativité. Nos terres sont fertiles, nos cultures puissantes, notre patrimoine inestimable. Nous possédons 65 % des terres arables non exploitées de la planète, 30 % des ressources minières mondiales, et un potentiel solaire parmi les plus élevés du monde.

Et pourtant, sans une vision claire et des dirigeants portés par un projet de société solide, cette richesse reste inerte.

Mais il y a de l’espoir.

Quand je pense au Rwanda et à Kigali, la capitale propre et numérique, aux ambitions technologiques assumées ;


Quand je vois le Maroc, avec sa stratégie industrielle, sa production d’énergie solaire à Ouarzazate, ou ses trains à grande vitesse ;
Quand j’observe le Nigeria et le Kenya devenir des hubs de la fintech africaine ; Quand je pense à bien d’autres exemples de pays avec des innovations et des projets ambitieux…
Quand je découvre des artistes, des chercheurs, des ingénieurs, des entrepreneurs africains qui innovent, créent et transforment leur environnement…

Je me dis que le rêve est possible. Il a déjà commencé. Il germe. Il prend racine.

Mais il faut aller plus loin.

Ce que Dubaï m’inspire, ce n’est pas l’imitation. C’est l’audace. C’est le sens du possible. C’est la puissance d’une vision. Tacons nos propres chemins en faisant en sorte que cela nous élève davantage et nous conduit au progrès pour le bien être des populations. C’est de cela qu’il s’agit et de rien d’autre !

L’Afrique doit bâtir sur ses propres forces. Sur sa culture. Sur sa jeunesse. Sur son intelligence. Nous n’avons pas besoin de copier les modèles venus d’ailleurs. Mais nous avons besoin de dirigeants qui ont un cap. Des bâtisseurs de futur. Des penseurs de générations. Des porteurs de rêve.Car la volonté sans vision ne suffit pas. On peut avoir toute la bonne foi du monde… si l’on ne sait pas où aller, on tourne en rond. L’Afrique doit oser rêver grand. Très grand. Mais surtout, agir grand. Planifier. Structurer. Investir dans les secteurs stratégiques : éducation, recherche, énergie, agriculture, culture, infrastructures.

Et croire. Croire en nous. Croire que le meilleur est possible.

Un continent qui investit sur lui-même est un continent qui se relève.
Un continent qui valorise ses talents est un continent qui rayonne.
Un continent qui ose penser par lui-même est un continent qui inspire.

À chaque passage ici, je me répète : Et si l’Afrique se donnait enfin les moyens de devenir l’une des zones les plus développées du monde ?

Ce rêve, je veux que toute la jeunesse africaine le porte. Ce rêve, je sais qu’il est possible. Il ne manque qu’une chose : des visionnaires pour le réaliser. Pas uniquement des volontaristes car avec une volonté sans vison connue et définie on ne vas nulle part avec. Pourquoi ? Parce ce que le terrain seul ne commande pas la manœuvre !

Allez ça suffit ! Retournons au Konkistenga, la principauté la plus magnifique d’Afrique. La douche aux décoctions des racines des arbres millénaires me manque!

Dr HK
En mission, Dubaï, Avril 2025