Ceci est une analyse du journaliste sportif Moussavou BILLA sur le bilan de Kamou MALO à la tête des Etalons.
« Je suis Burkinabè, j’ai 57 ans. J’ai eu un parcours de footballeur. J’ai débuté à l’USO en 1983, joué la campagne africaine contre Abedi Pelé du Ghana, porté les couleurs de l’USO, l’EFO, le BPS et l’USFA. En tant qu’entraîneur, je suis un pur produit de la DTN Burkinabè et détenteur de la licence A de la CAF. J’ai commencé à entraîner à Koudougou avec l’ASEC puis le BPS, que j’ai fait monter en première division après 17 ans de disette. A Ouagadougou, j’ai pris en charge l’AS SONABEL, l’USFA et le RCK de la D2 en D3. Au RCK, j’ai remporté 2 fois la coupe du Faso en 2012 et 2 fois le championnat en 2016, et 2017 et une une fois la coupe AJSB. En ce qui concerne le poste de sélectionneur, je mesure la portée de la charge, je n’ai pas d’appréhension et je compte sur le soutien de tous .»
C’est en ces termes sincères, et pleins d’humilité qu’en juillet 2019, le coach Kamou déclinait son identité et son parcours pour sa toute première conférence de presse en tant que sélectionneur national des Etalons seniors en remplacement du portugais Paolo DUARTE, qui avait échoué à qualifier les Etalons a la CAN Égypte 2019 : une CAN à 24 équipes.
Le contrat de 16 mois qu’il avait parafé 3 jours auparavant statuait 3 missions principales : qualifier les étalons à la CAN 2021, atteindre les 8èmes de finale de la CAN 2021, et rajeunir l’équipe. La particularité de cette nomination était sans conteste l’audace du Président de la FBF, SANGARE, de promouvoir l’expertise nationale à travers les nominations de MALO, mais aussi de Firmin SANOU, Alain NANA et Bramah TRAORE comme ses adjoints. Des anciens internationaux burkinabè dont les faits d’armes sous les couleurs nationales et sur les pelouses du Faso devraient à priori leur permettre de disposer du bénéfice du doute. Que nenni !
Nonobstant 16 mois plus tard, la CAN 2021 repoussée en 2022 pour raison sanitaire, on peut dire sans hésiter que les objectifs assignés à Kamou MALO furent remplis : Les Etalons ont validé leur ticket qualificatif avant terme contre l’Ouganda et le Onze type des Etalons de l’ère DUARTE a évolué et rajeuni.
Il n’y a pas meilleur apport à cette équipe qui a manqué la CAN à 24 qu’une qualification!
En effet, lors du dernier match des éliminatoires de la CAN 2019 contre la Mauritanie à Ouagadougou en mars 2019, le Onze de départ du Portugais Paolo DUARTE avait une moyenne d’âge de 27 ans : Hervé KOFFI, 22 ans; Steeve YAGO, 26 ans; Bakary KONE, 30 ans; Issoufou DAYO, 27 ans; Yacouba COULIBALY, 24 ans; Adama GUIRA, 30 ans; Jonathan PITROIPA, 32 ans; Abdoul Razak TRAORE, 30 ans; Prejuce NAKOULMA, 31 ans; Cyrille BAYALA, 22 ans; et Bertrand TRAORE, 23 ans. En somme, il y a 2 ans, l’équipe des Etalons affichait dans tous les compartiments des trentenaires au nombre de 5 contre 6 jeunes de moins de 30 ans, même si vous remplacez Adama GUIRA, 30 ans, par le titulaire habituel dans l’entrejeu, le capitaine Charles KABORE, alors âgé de 31 piges en 2019.
Aujourd’hui, les Etalons sous l’ère Kamou MALO affichent une moyenne d’âge de 24 ans si l’on se réfère au onze de départ aligné face au Soudan du Sud le 29 mars 2021. Ce sont Hervé KOFFI, 22 ans; Issa KABORE, 19 ans; Issoufou DAYO, 27 ans; Edmond TAPSOBA, 22 ans; Yacouba COULIBALY, 24 ans; Charles KABORE, 33 ans. Ismahila OUEDRAOGO, 21 ans; Alain TRAORE, 32 ans; Bertrand TRAORE, 25 ans; Lassina TRAORE, 20 ans; et Zakaria SANOGO, 24 ans.
A l’analyse, on note l’arrivée de 4 nouveaux entrants. Il s’agit en premier lieu de Edmond TABSOBA, 22 ans, en remplacement du général BABKO, 32 ans, comme défenseur central, de Issa KABORE, 19 ans, en remplacement de Steeve YAGO, 28 ans, comme latéral droit; de Frank TRAORE, 20 ans, en remplacement de Prejuce NACOULMA, 33 ans, comme avant-centre; et finalement de Ismahila OOUEDRAOGO alias Ngolo Kanté en remplacement de Jonathan PITROIPA, 36 ans, au milieu de terrain, étant entendu que dans l’esprit du coach MALO et au regard des 6 matches des éliminatoires passés, Bryan DABO, 29 ans est un titulaire potentiel au côté du capitaine Charles KABORE, et de l’expérimenté Abdoul Razack TRAORE, dont les pendants sur le banc de touche en fonction des formes du moment seraient respectivement Adama GUIRA, 32 ans; Alain TRAORE, 32 ans; et éventuellement Abdoul BANDAOGO, 22 ans; et Sami HIEN, 25 ans.
Des cartouches jeunes, le coach MALO ne s’en prive pas également en défense, à la pointe de l’attaque et sur les ailes. Il s’agit des options, Éric TRAORE, 24 ans; Mohamed KONATE, 23 ans; Mohamed Lamine OUATTARA, 22 ans; Ben Aziz ZAGRE, 22 ans; Boureima Hassane BANDE, 22 ans; Hamed BELEM, 21 ans; et Abdoul Fessal TAPSOBA, 19 ans…
C’est donc dire qu’au finish, la cuvée actuelle des 33 Etalons sélectionnés par Kamou MALO est riche, jeune, expérimentée et pétrie de talents. De la concurrence, il y en a à tous les postes. Ce qui veut dire que le sélectionneur ne pourra évidemment pas faire des heureux à chaque match officiel, d’où les éventuelles pressions multiformes et conflits de pouvoir dont le sélectionneur ne saurait échapper qu’il et devrait gérer.
Cependant la récente levée de bouclier aux connotations pernicieuses tendant à discréditer les capacités managériales et intrinsèques de Kamou MALO, à dose de révélations de secrets de vestiaires, de stigmatisations de certains joueurs par des faits de jeu, au lendemain d’une victoire (1 – 0 contre le Soudan du Sud) et d’une qualification à la CAN, me laisse pantois, subjugué.
La litanie des récriminations relève du délire : prise en otage de l’équipe par un groupuscule de joueurs, manque d’audace du sélectionneur, indiscipliné de joueurs qui comptent au moins d10 de sélection, aucune plus-value ni de crédit de sélection de nouveau joueur quand bien même il soit lui-même le sélectionneur en charge de l’équipe…
C’est vrai que le Burkina post insurrectionnel a délié les langues, phénomène démultiplié par l’impact euphorique des réseaux sociaux. Néanmoins sachons contextualiser et orienter nos propos verbaux au risque d’avilir, souiller, et salir voire détruire l’image d’un de nos rares trésors au Faso : les Etalons, notre équipe nationale de Football qui représente vaillamment notre pays dans les compétitions internationales et dont la force a toujours résidé dans son collectif, son état d’esprit.
Nous ne sommes pas une malédiction, nous ne sommes pas obligés de commettre éternellement les mêmes erreurs d’auto-flagellation, de cette tendance ignoble d’autodestruction des nôtres sous le fallacieux argumentaire de « qui aime bien châtie bien » car un sélectionneur et une équipe de football sont d’abord jugés aux résultats. Toute autre considération est purement subjective!
Dans toutes les sélections du monde, il existe des secrets de vestiaires, des passe-droits savamment entretenus par les sélectionneurs qui n’ont pas forcément besoin d’être débattu sur la place publique !
La force des Etalons a toujours résidé sur l’humilité, la solidarité du groupe : Attention à un faux procès, attention à une tentative de déstabilisation et de division d’un vestiaire en transition.
Le plus dur moment d’une équipe de Football est son moment de transition, de rajeunissement : Patience et Intelligence doivent être les éléments clés…
D’ailleurs, les éliminatoires de la coupe seraient en effet….non, non, non, je m’arrête là : « Eliminatoires coupe du monde » sera le 2ème thème que je vais aborder dans quelques jours, et le 3ème sera les conséquences des chaudes élections FBF dans toutes les sélections des Etalons !