Sur sa page Facebook ce 28 décembre 2024, Pr Jacques Nanema, philosophe, posait ce sujet de réflexion « : Les sociétés contemporaines doivent-elles nécessairement choisir entre une vision techniciste et une vision humaniste du développement ?
A l’ombre de notre baobab Joseph Ki Zerbo, quelle réponse pertinente à ce dilemme entre l’être et l’avoir ? ».
Dr Harouna Kaboré s’est prêté à l’ecercice dans les lignes qui suivent.
Cher Professeur Jacques Nanema, cher frère,
Je voudrais, à travers ces lignes, esquisser une réponse à votre question intitulée : « Les sociétés contemporaines doivent-elles nécessairement choisir entre une vision techniciste et une vision humaniste du développement ? A l’ombre de notre baobab Joseph Ki Zerbo, quelle réponse pertinente à ce dilemme entre l’être et l’avoir ? »
D’emblée, je pense que les sociétés contemporaines ne doivent pas nécessairement choisir entre une vision techniciste et une vision humaniste du développement. Bien au contraire, ces deux approches, bien qu’apparemment opposées, peuvent et doivent se compléter pour répondre aux défis complexes de notre époque. Joseph Ki Zerbo, dans sa quête pour un développement endogène et humain, nous offre une perspective précieuse pour éclairer ce dilemme. En effet choisir entre une vison techniciste ou humaniste du développement c’est choisir entre l’être et l’avoir qui sont en réalité une dualité arpente,
Le technicisme se concentre sur l’efficacité, les outils et la production, tandis que l’humanisme valorise l’épanouissement de la personne, la dignité et les relations humaines. Pourtant, réduire le développement à l’une ou l’autre de ces dimensions conduit à des impasses. Ainsi,
un développement purement techniciste risque de déshumaniser les sociétés en oubliant les besoins culturels, sociaux et spirituels des individus et, à contrario, un développement exclusivement humaniste pourrait négliger les moyens concrets nécessaires pour améliorer les conditions de vie, renforcer l’économie et faire face aux défis globaux comme le changement climatique ou la pauvreté.
La vision de Joseph Ki Zerbo : « Développer, c’est d’abord compter sur soi »
Joseph Ki Zerbo, en plaçant l’humain et les contextes locaux au centre du développement, prône une synthèse entre l’être et l’avoir. Il appelle à un développement endogène, c’est-à-dire un développement qui part des besoins et des ressources des populations elles-mêmes, plutôt que d’adopter aveuglément des modèles importés. L’humanisme de Ki Zerbo se traduit par une valorisation de la culture, de l’éducation et de la communauté comme socles du développement. Le technicisme, dans sa perspective, doit être au service des populations : il s’agit d’adopter les innovations technologiques tout en veillant à leur appropriation locale et à leur adaptation aux réalités africaines.
Une réponse pertinente : réconcilier l’être et l’avoir
Pour répondre au dilemme entre l’être et l’avoir, les sociétés contemporaines doivent bâtir un développement équilibré et durable qui s’appuie sur à la fois sur une technologie au service de l’humanité : l’innovation doit être utilisée pour résoudre des problèmes concrets et améliorer le bien-être collectif, sans sacrifier la dignité humaine. Et sur l’éducation pour l’émancipation : l’apprentissage ne doit pas être uniquement orienté vers la maîtrise technique, mais aussi vers la compréhension des enjeux sociaux, culturels et écologiques.
Cela est possible sous la houlette d’un leadership éclairé : les décideurs doivent incarner une vision intégrative, où les valeurs humaines ne sont pas opposées aux impératifs économiques, mais enrichies par eux.
À l’ombre du baobab
Sous le baobab, symbole de sagesse et de résilience, Joseph Ki Zerbo nous rappelle que le développement ne se mesure pas uniquement en termes de PIB ou de progrès technologique. Il s’agit de cultiver un équilibre entre l’épanouissement individuel et collectif, en puisant dans les racines profondes de nos cultures tout en embrassant les outils modernes.
Ainsi, les sociétés contemporaines peuvent transcender le dilemme entre une vision techniciste et humaniste en s’inspirant de ce modèle harmonieux, où l’être et l’avoir coexistent pour construire un avenir plus juste et durable.
Voilà cher frère Pr Jacques Nanema ma modeste contribution à la réflexion sur le sujet.
Gardons le cap de la réflexion au service du développement de notre pays et de l’Afrique à même d’influencer celle du monde.
Dr HK
Commentaires