[Tribune du Dr Harouna Kaboré] Économie de la croissance : en finir avec celle des matières premières

Ceci est une tribune du Dr Harouna Kaboré intitulée “Économie de la croissance : en finir avec celle des matières premières”.

Le passage d’une économie basée sur les matières premières à une économie de la connaissance représente un changement de paradigme qui redéfinit les dynamiques de pouvoir et de prospérité à l’échelle mondiale.

Les pays africains riches en ressources minières et pétrolières, comme le Burkina Faso, se retrouvent souvent pris dans le « paradoxe des ressources », où ces richesses, au lieu de catalyser le développement, peuvent entraîner une dépendance économique , des conflits, et une stagnation sociale. Pourtant, bien utilisées différemment ces ressources peuvent être un levier puissant pour financer une transformation économique durable.

Une évolution inévitable

Pendant des siècles, les ressources naturelles ont été au cœur des économies, particulièrement dans les pays en développement, où elles représentent encore une part importante des exportations. Mais cette dépendance s’accompagne souvent de vulnérabilités liées aux fluctuations des prix et à l’exploitation non durable.
Aujourd’hui, les pays prospères sont ceux qui investissent massivement dans l’éducation, la recherche scientifique, l’innovation, et les industries technologiques. Cette transition repose sur la valorisation des ressources humaines, des compétences, et des idées, plutôt que sur l’extraction et la spéculation de matières premières.

Les clefs pour réussir cette transition en Afrique peuvent s’articuler autour d’un investissement dans l’éducation et la recherche, de la création d’un environnement favorable à l’innovation locale, de la réduction de la dépendance aux exportations des matières premières (par leur transformation localement), de la diversification des économies et de l’encouragement des partenariats public-privé par une vraie collaboration entre les gouvernements et leur secteur privé pour soutenir l’innovation et financer des projets ambitieux.
Aussi, précisons que le passage d’une économie des matières premières à une économie de la connaissance ne se limite pas uniquement à la connaissance technologique. Il englobe un ensemble plus vaste de connaissances sociales, culturelles, institutionnelles et organisationnelles, qui sont essentielles pour un développement véritablement durable et inclusif. La transformation économique repose autant sur le progrès technique que sur la sagesse sociale, la mémoire collective et la capacité à bâtir des systèmes adaptés aux réalités locales. Ces dimensions non technologiques sont essentielles pour garantir que les progrès techniques soient inclusifs, équitables et adaptés aux contextes locaux.
Ainsi pour éviter que l’économie de la connaissance ne soit une importation étrangère, il est crucial de construire des politiques publiques qui prennent en compte les réalités sociales locales ( garantir la participation des communautés locales dans leur élaboration) par la mise en place des cadres réglementaires adaptés à l’économie informelle avec la perspective qu’elle se formalise au fur et à mesure.

Défis et perspectives

La transition vers une économie de la connaissance exige une vision à long terme, une gouvernance stable et un cadre politique propice à l’innovation.
Ce changement peut être l’opportunité pour des nations, comme celles d’Afrique, de prendre leur place dans cette nouvelle ère, à condition de miser sur leurs talents et leur créativité. Rien ne peut remplacer la connaissance. Rien !

Dr HK