Ceci est une tribune libre de l’écrivain professionnel Adama SIGUIRE!
Je le dis et je le repère, la plus grande bêtise pour un homme consiste à avoir pitié de son bourreau. Instaurer l’injustice sociale, la corruption, le vol, les détournements de fonds, un système éducatif improductif comme socles de la gouvernance d’une Nation et espérer le développement et la paix relève de l’utopie et d’un refus de voir les réalités de la vie. De plus en plus, les jeunes burkinabè sont laissés à eux- mêmes. Et le combat devient pratiquement intenable. À vingt-trois ans, j’étais déjà admis à un concours de la fonction publique avec mon unique brevet d’étude. Et à vingt-quatre ans, j’avais un salaire pour vivre dignement. Et il n’y a pas longtemps de cela.
Aujourd’hui, ce sont des milliers de jeunes qui se présentent aux concours de la fonction publique, et ils sont très peu qui tirent leur épingle du jeu. Dans mon cabinet, je reçois chaque jours des jeunes au bord du désespoir, perdus dans la vie, pensant au pire. Il y a deux jours de cela, je devais me battre pour donner cet espoir de vivre à un jeune qui avait pratiquement abandonné la lutte pour la survie. Il n’avait que vingt ans. Ces derniers jours, des étudiants se donnent la mort dans certaines universités de notre pays. Qu’est ce qui explique cela?
Il n,y a pas de questions à se poser: le désespoir et le manque d,avenir sont les maux qui décident notre jeunesse. Quand tu es né au village, ton père se bat pour payer ta scolarité jusqu’au baccalauréat, tu rentres à l’Université à vingt-deux ans et tu dois faire six ans pour avoir une licence et après cette licence, le métier le plus accessible pour toi est le gardiennage, tu deviendras vigile, il y a lieu de voir l’absurdité de la vie et de dire pourquoi continuer à vivre. Oui,ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Mais, il y a des moments où la lutte parait vaine.
Un jour, une étudiante m,a dit: SIGUIRE, j’en veux à mes parents de m’avoir mise au monde. Ma vie n’a pas de sens. Elle est le condensé de tous les échecs. Oui, la jeunesse souffre et j’ai la chance de les côtoyer chaque jour. Aujourd’hui, à trente ans, un jeune cherche une maison pour dormir, car ils sont peu qui peuvent payer la location d’une maison. Que font les autorités politiques pour désamorcer la crise qui se prépare? Les jeunes vont-ils continuent à accepter les pires souffrances dans la résignation? Je ne crois pas. Il viendra la goute d’eau qui fera déborder le vase. L’acte de ce jeune désespérer de Sidi Bouzi, cette petite ville algérienne,viendra un jour. Un jeune mettra fin à sa vie de la pire des manières pour montrer que cette vie ne mérite pas d’être vécue.
Les autorités politiques ont l’obligation de prendre au sérieux les problèmes des jeunes. S’il faut continuer à tout donner aux hommes politiques, je vois le pire à l’horizon. Avec la ruse, le plus faible est capable de faire du mal au plus fort, disait MACHIAVEL. La corruption, le vol et les détournements de fonds sont les grands maux qui entravent notre développement. Plus de 60% du budget du Burkina Faso rentre dans les postes des individus. La corruption se fait de mille manières. De petits fonctionnaires qui n’ont pas plus de 250000 sur leurs bulletins comme paie construisent des villas partout au Burkina. Une minorité est plus riche que tout le pays. Les quartiers de Ouagadougou en témoignent. Et quand on parle de réconciliation pour partager l’argent aux hommes politiques qui ont déjà des millions, je ris toujours. Les gens connaissent mal jusqu’où la lutte pour la survie peut conduire un homme. L’homme est un loup pour l’homme. Hobbes est un grand philosophe. Il parle de la nature de l’homme.
Le Burkina vivra des moments plus durs. Ce n’est pas mon souhait. Mais je pense que Dieu ne va pas passer son temps à soutenir des gens qui aiment le mal, l’injustice et l’exploitation des hommes. La jeunesse est une bombe. Dans sa souffrance et dans son dernier retranchement, elle finira par s,exploser et nous verrons tous les inconséquences de nos conduites.
Je prie moi aussi. Ne venez pas me dire que Dieu est Grand. Je le sais bien. Je suis un Imam.